Soudan : Omar el-Béchir menace le Sud d’une reprise des combats à Abyei

Deux jours après l’indépendance du Sud-Soudan, le président soudanais Omar el-Béchir a menacé le Sud d’une possible reprise des combats en cas de non respect des accords de démilitarisation de la région d’Abyei, signés le 20 juin dernier.

Omar el-Béchir au Parlement, à Karthoum, le 4 avril 2011. © Ebrahim Hamid/AFP

Omar el-Béchir au Parlement, à Karthoum, le 4 avril 2011. © Ebrahim Hamid/AFP

Publié le 11 juillet 2011 Lecture : 3 minutes.

Omar el-Béchir ne perd pas le Nord. Deux jours seulement après l’indépendance de ses « frères du sud », le président soudanais a, dans une interview à la BBC enregistrée dimanche 10 juin, réaffirmé de manière catégorique la volonté de son pays de conserver la région d’Abyei.

Menaçant directement le Sud-Soudan, El-Béchir a déclaré que les hostilités pourraient reprendre si les accords concernant les zones litigieuses telles qu’Abyei n’étaient pas respectés. « Il y a  un protocole d’Abyei – un protocole qui régit Abyei en cas de solution pacifique. Mais dans le passé, nous avons été forcés de nous battre quand ils [au sud] ont essayé d’imposer une nouvelle réalité », a déclaré le président soudanais.

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Il a également indiqué qu’Abyei appartenait au Soudan et ne pouvait rejoindre le sud qu’avec l’approbation des tribus arabes nomades lors un futur référendum. Un scénario peu probable, selon lui.

Abyei, une poudrière ethnique

Certaines parties de la région d’Abyei sont toujours contestées et n’ont même pas été délimitées. Un référendum sur le rattachement d’Abyei au nord ou au sud devait avoir lieu avec celui sur l’indépendance du Sud-Soudan en janvier 2011, mais il a finalement été repoussé sine die en raison d’un différend sur le droit de vote des électeurs.

La région, habitée principalement par les Dinka Ngok, une ethnie du sud, est traversée chaque année par les Messiriya, peuple nomade migrant vers le Sud-Soudan en quête de pâturages. Mais avec la sécession du Sud, les Messiriya craignent de ne plus avoir accès à Abyei (ou à ses points d’eau), qui est leur « porte d’entrée » vers un sud au climat plus humide. Ces tensions ethniques ont été largement instrumentalisées et entretenues par le Nord et le Sud-Soudan qui s’accusent mutuellement de soutenir les deux groupes.

En 2009, la cour permanente d’arbitrage de La Haye a circonscrit  le territoire d’Abyei à une zone d’environ 10 000 km2, habitée principalement par les Dinka Ngok et exclu de la région ainsi délimitée les précieux puits du bassin pétrolifère de Heglig, qui se sont retrouvés au Nord de la frontière. Les États-Unis et l’ONU ont condamné ce qu’ils considèrent comme des provocations du sud dans la région, suivies d’une réaction disproportionnée du nord. Mais pour les Nations unies, les violences d’Abyei n’ont jamais remis en cause l’indépendance du Sud-Soudan.

Invitant la mission onusienne de maintien de la paix qui patrouille encore dans la région à partir, El-Béchir s’est félicité de la perspective de leur remplacement par des troupes de Casques bleus éthiopiens, une décision actée par le Conseil de sécurité de l’ONU le 26 juin dernier.

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Plus de 1 500 morts et 100 000 déplacés

« Les Éthiopiens ont pour mandat de maintenir la paix dans la zone, alors nous nous félicitons de leur arrivée. Nous leur souhaitons la bienvenue, car ils sont capables de faire leur travail, contrairement aux troupes actuelles qui n’ont pas réussi à maintenir la paix dans cette zone », a lancé El-Béchir.

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Zone litigieuse, la région d’Abyei attise bien des convoitises. Connue pour son or noir, l’ enclave d’Abyei est l’objet d’une violente dispute entre le nord et le sud que l’indépendance du Sud-Soudan n’a pas réglée. Après un mois de combats qui ont contraint plus de 100 000 personnes à fuir et fait plus de 1 500 morts, un accord de démilitarisation a finalement été signé le 20 juin.

Celui-ci prévoit le retrait des forces soudanaises, avec déploiement simultané des Casques bleus éthiopiens, Abyei étant placée sous une administration commune mais restant sous la tutelle du Nord. Et la mise en place d’un tel accord est complexe… (voir encadré)

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