Ces banques de l’ombre qui menacent la Chine

Depuis 2008, la Chine est droguée à la dette. À tel point que l’envolée des crédits informels, accordés en dehors de toute surveillance, menace l’équilibre économique.

Pékin est confronté à un dangereux afflux de liquidités. © Franko Lee/AFP

Pékin est confronté à un dangereux afflux de liquidités. © Franko Lee/AFP

Publié le 29 juillet 2013 Lecture : 2 minutes.

En Chine, depuis quatre ans, les nouveaux crédits ont été presque trois fois supérieurs à la croissance du PIB. Comment est-ce possible ? Le cercle vicieux est assez simple : les banques fermeraient leurs portes à 97 % des PME chinoises, préférant accorder leurs largesses aux grandes entreprises publiques et aux autorités locales ; du coup, les petites entreprises se tournent de plus en plus vers le crédit informel auprès d’institutions qui échappent le plus souvent à toute supervision. Pour l’agence de notation Moody’s, la croissance de ce shadow banking aurait été de 75 % et 67 % ces deux dernières années ! Au même moment, le marché obligataire connaissait également une forte croissance. Si bien que le crédit bancaire, qui pesait encore 96 % du financement de l’économie chinoise en 2002, n’en représentait plus que 65 % l’an dernier…

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À l’inverse, le crédit informel dans son ensemble équivalait à 55 % du PIB en 2011, soit l’équivalent de 3 700 milliards d’euros. Moody’s ainsi que de nombreux économistes tirent la sonnette d’alarme, pointant la menace d’une explosion du crédit informel et parlant même d’un « risque systémique ». Une vague de défauts de paiement dans ce circuit parallèle affecterait indirectement les banques traditionnelles, dont les clients sont aussi, la plupart du temps, des acteurs de ce dangereux jeu de go financier.

Une vague de défauts de paiement dans ce circuit parallèle affecterait les banques traditionnelles

Pour maîtriser cet afflux de liquidités, la Banque populaire de Chine a laissé les taux d’intérêt sur le Shibor, le marché interbancaire de Shanghai, atteindre des pics inquiétants en juin. « Cette crise ne tient pas à un manque d’argent mais à des problèmes structurels qui font barrage au financement de l’économie réelle », explique un économiste chinois. Pour de nombreux analystes, cet assèchement du cash en circulation vise surtout à limiter le financement alternatif des banques de l’ombre.

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Sombre tableau

Francis Cheung, qui dirige la stratégie du courtier CLSA pour la Chine, dresse dans un récent rapport le tableau d’une économie « droguée » à la dette, comme en témoigne la hausse du crédit de 58 % constatée lors du premier trimestre 2013. Dans la foulée du plan de relance massif décidé fin 2008, la dette a plus que doublé au cours des quatre dernières années. En faisant la somme des crédits contractés par des institutions publiques, notamment les gouvernements locaux, et privées, Francis Cheung estime qu’elle pèse aujourd’hui 205 % du PIB. Moins que celle des États-Unis ou du Japon, mais beaucoup plus que dans les autres pays émergents comme la Russie, l’Inde ou le Brésil.

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