Cameroun : ces personnalités qui crédibilisent (un peu) Elecam
Monseigneur Dieudonné Watio, évêque de Bafoussam et cinq autres représentants de la société civile ont été nommés membres de la commission électorale du Cameroun par le président Biya. Certaines personnalités consultées, Mgr Christian Tumi et Henriette Ekwe, ont décliné l’offre.
Finalement, il n’y aura pas de représentants de l’opposition au sein du Conseil électoral d’Elections Cameroon (Elecam), la commission électorale camerounaise. Jeudi 7 juillet, le président Paul Biya a signé un décret nommant six personnalités à Elecam, portant le nombre des membres de cet organe à 18, conformément à la modification du code électoral votée en mars 2011 par le Parlement.
C’est surtout la désignation de Mgr Watio, évêque de Bafoussam à l’Ouest du Cameroun, qui est saluée par une grande partie de la classe politique. Avec Pierre Titi Nwel, socio-anthropologue, ancien responsable de la Commission justice et paix de l’église catholique locale, le prélat va donner un peu plus de crédibilité à un organe électoral dont l’essentiel des 12 premiers membres étaient issus du RDPC, le parti au pouvoir.
Personnalités critiques
Pierre Titi Nwel était jusque-là très critique vis-à-vis d’Elecam, lui qui était, avant sa nomination, coordinateur national de la Commission électorale citoyenne indépendante (Ceci), mise en place par un groupe d’ONG de la société civile pour pousser à l’amélioration du système électoral au Cameroun.
Font également leur entrée à Elecam, Delphine Tsanga, ancien ministre, vice-présidente de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP), un parti allié au pouvoir, Pauline Biyong, activiste de la société civile ayant auparavant flirté avec l’UNDP, Christopher Tiku Tambe, responsable de la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés dans la région du Sud-Ouest et Nsangou Issofa, un cadre du ministère de la Justice, inconnu de la scène nationale.
Ces dernières semaines au Cameroun, des sources officieuses concordantes avaient annoncé l’arrivée à Elecam d’au moins deux personnalités fortes et très critiques vis-à-vis du régime, à savoir le cardinal Christian Wigan Tumi, archevêque émérite de Douala et Henriette Ekwe, directrice de l’hebdomadaire Bebela et lauréate 2011 du prix du courage féminin du Département d’État américain. Tous deux ont décliné l’offre.
Distance avec le régime
« Mme Ekwe a refusé d’entrer à Elecam pour ne pas partager la responsabilité d’une élection mal organisée et surtout en raison de la distance qu’elle a toujours su garder avec les régimes successifs en place au Cameroun », dit une proche d’Henriette Ekwe.
Le principal parti de l’opposition, le Social Democratic Front (SDF) a également décliné l’offre du chef de l’État, après plusieurs contacts avec des émissaires du président Biya. Jean Robert Wafo, responsable de la Communication du SDF dans le Littoral a indiqué que « le SDF voulait être logique envers lui-même en refusant d’entrer à Elecam, conformément aux articles 8 et 13 de cet organe qui disposent que les membres doivent être reconnus pour leur neutralité et leur impartialité ».
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Liste des 18 membres d’Elections Cameroun :
-1 Samuel Fonkam Azu’u
-2 Bomba Nkolo Cécile
-3 Sadou Daoudou née Lady Bawa
-4 Massi Gams Dieudonné
-5 Thomas Ejake Mbonda
-6 Dorothy Njeuma
-7 Justin Ebanga Ewodo
-8 Elie Mbonda
-9 Abdoulaye Babale
-10 Pierre Roger Efa’a Ndene Bekono
-11 Adamou Ali
-12 Mana Nschwangele Jules
-13 Mgr Dieudonné Wation
-14 Pierre Titi Nwel
-15 Delphine Tsanga
-16 Pauline Biyong,
-17 Christpher Tiku Tambe
-18 Nsangou Issofa
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