Ghana : le congrès d’investiture du NDC sous haute tension

Police nationale, caméras de surveillance, gardes du corps… Le congrès d’investiture du candidat à la présidentielle du Congrès national démocratique (NDC, parti au pouvoir au Ghana) s’est ouvert dans un contexte tendu. Plusieurs incidents – vite circonscrits – ont éclaté depuis vendredi entre supporteurs des deux postulants : le président sortant John Evans Atta-Mills et l’ex-première dame Nana Konadu Agyeman-Rawlings. Reportage.

Nana Konadu Rawlings ambitionne de devenir la première présidente du Ghana. © AFP

Nana Konadu Rawlings ambitionne de devenir la première présidente du Ghana. © AFP

Publié le 9 juillet 2011 Lecture : 3 minutes.

Le Stade de Sunyani, (petite ville du centre-ouest du pays), où se tient le congrès qui doit désigner le candidat du NDC à l’élection présidentielle de décembre 2012, est plein à craquer. Seuls les quelque 3000 délégués en possession d’une accréditation y sont admis. Les autres, militants ou simples sympathisants non accrédités doivent prendre place à l’extérieur du stade où un espace leur a été aménagé. Des écrans géants installés à l’extérieur du stade renvoient les images de l’intérieur. L’ambiance par endroits est festive. Plusieurs groupes de jeunes et de femmes dansent au son d’une fanfare et des hauts parleurs distillent de la musique.

Certains arborent des tenues à l’effigie des deux candidats à la candidature ou aux couleurs du parti, le rouge et le vert. Une ambiance a priori bon enfant qui n’occulte cependant pas le contexte tendu dans lequel se tient le congrès. Les policiers sont déployés en grand nombre, aidés par la sécurité interne du parti. Depuis vendredi, ils ont dû intervenir à plusieurs reprises pour mettre fin à des bagarres. Aucun blessé grave n’a été enregistré, mais des affrontements plus violents encore sont à craindre.

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Violence verbale

Très vite, des slogans hostiles fusent de part et d’autre. Une violence verbale qui se couche aussi sur le papier, comme l’illustre un titre à la « Une » du journal The Enquire, repris des propos d’une opposante à l’ex-première dame : « Konadu will castred men » (« Konadu va castrer les hommes », si elle est désignée par les congressistes du NDC, NDLR).

Le comité d’organisation se veut vigilant. Pour la première fois, des caméras de surveillance ont été installées à plusieurs endroits du stade. Objectif : « savoir qui a fait quoi et à quel moment », dit le secrétaire général du NDC, Johnson Asiedu Nketia, surnommé général Mosquito – qui est par ailleurs une fervent partisan du président sortant John Evans Atta-Mills.

La question du genre occupe une place importante dans la campagne. Nana Konadu se présente comme la première femme qui veut accéder à la magistrature suprême. Mais ses pourfendeurs estiment que les Ghanéens ne sont pas prêts à élire une femme à la tête du pays. « Si le NDC choisit Konadu, notre parti va perdre à l’élection présidentielle, parce que les Ghanéens ne vont jamais choisir une femme pour les diriger », estime un supporteur de Mills.

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Les 3 000 délégués devaient commencer à voter en début d’après-midi. John Evans Atta Mills part comme favori mais rien n’est joué. Le secrétariat général du parti est profondément divisé, tout comme les militants. C’est la première fois dans l’histoire du NDC, créé en 1992, qu’un président sortant candidat à sa propre succession fait face à une telle opposition interne. Et c’est aussi la première fois qu’une femme est en course pour l’investiture.

Vers une implosion du NDC ?

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Les observateurs redoutent une implosion du parti à l’issue du congrès, si le perdant n’accepte pas sa défaite ou si le vainqueur ne tend pas la main au vaincu. Une scission du NDC créerait des tensions politiques dans le pays, et profiterait au Nouveau parti patriotique (NPP, principal parti d’opposition) de Nana Akufo-Addo.

Atta-Mills avait été élu en 2008 avec une très courte majorité, alors qu’il avait le soutien inconditionnel de Rawlings, le « père de la démocratie » ghanéenne. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Dans un communiqué publié avant l’ouverture du congrès hier, le très influent Mouvement des cadres vétérans (VCM) du NDC a appelé les deux protagonistes à privilégier l’unité du parti. Seront-ils entendus ? Réponse ce dimanche.
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André Silver Konan, envoyé spécial à Sunyani.

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