Abibatou Wane : « Le retour au Niger des émigrés de Libye a un double effet pervers »

Suite à la crise libyenne, des dizaines de milliers de travailleurs nigériens sont rentrés chez eux. Cette migration massive fait peser une menace sur la sécurité alimentaire, notamment dans le sud du pays. Pour Abibatou Wane, directrice de l’Organisation internationale des migrations (OIM) au Niger, la situation est alarmante.

Des Nigériens au port de Misrata attendant d’être évacués. © Christophe Simon/AFP

Des Nigériens au port de Misrata attendant d’être évacués. © Christophe Simon/AFP

Publié le 7 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

Jeuneafrique.com : Combien de Nigériens ont à ce jour fui la Libye pour revenir dans leur pays ?

Abibatou Wane : Depuis le début de la crise libyenne, environ 90 000 Nigériens sont rentrés de Libye. Les flux sont très irréguliers mais la tendance générale des retours est à la baisse. Il y a trois chemins principaux. Le premier passe par Dirkou, à 500 kilomètres de la frontière entre les deux pays. Plus de 75 000 émigrés y ont fait une étape. Le deuxième passe par la frontière algérienne, par la ville d’Assamaka où 2 000 Nigériens ont été enregistrés. Enfin, environ 13 000 personnes ont été rapatriées par voie aérienne.

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Quel est le profil type des émigrés ?

Il y a une majorité de jeunes hommes mais aussi des familles. Beaucoup de Nigériens travaillent comme saisonniers dans l’agriculture. D’autres sont des ouvriers ou des artisans. Ils viennent majoritairement du sud du Niger, des régions de Tahoua, Zinder et Tillabéri.

Quelles sont les conséquences de ces retours massifs ?

Le retour des émigrés a un double-effet pervers. D’un côté les familles ne reçoivent plus les revenus de transfert de ces travailleurs expatriés. Ceux-ci envoient en moyenne entre 100 000 et 150 000 FCFA par mois et par famille. D’un autre côté, les familles doivent supporter le coût du retour des leurs, une charge supplémentaire qui menace la sécurité alimentaire des régions concernées par ces retours.

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Quelles sont les mesures mises en place pour éviter une catastrophe humanitaire au Niger ?

Cette situation préoccupante a poussé le gouvernement et les ONG à tirer la sonnette d’alarme. Un plan d’urgence a été établi en coopération avec le programme alimentaire mondial (PAM) et l’organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO). La priorité, c’est la distribution de nourriture et de semences, notamment dans le Sud du pays. En parallèle, il faut continuer à accompagner cette migration en garantissant une prise en charge des migrants qui, pour la plupart, n’ont rien. Ils ne savent pas s’ils retourneront un jour en Libye. Il se pose donc aussi à plus long terme la question de la réintégration de ces migrants dans la société nigérienne.

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Propos recueillis par Christophe Perron

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