Tchad : Alain Juppé annonce l’évacuation des forces militaires françaises

Le ministre des Affaires étrangères français Alain Juppé a déclaré mardi que le dispositif militaire Epervier au Tchad ne se justifiait plus et devait être rapatrié. Depuis, une réflexion est en cours avec le Tchad sur l’avenir de la présence française, qui remonte à 1986.

Des soldats de la force française Epervier à N’Djmena, capitale du Tchad, en février 2008. © Philomene de Queneta/AFP

Des soldats de la force française Epervier à N’Djmena, capitale du Tchad, en février 2008. © Philomene de Queneta/AFP

Publié le 6 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

« Nous sommes en train de discuter avec le Tchad d’un nouvel accord de coopération. Nous avons un dispositif là-bas, Epervier, avec plus d’un millier d’hommes, dont la présence ne se justifie pas, que nous avons (…) à rapatrier », a déclaré mardi le chef de la diplomatie française, Alain Juppé. Ce dernier avait affirmé en janvier que Paris était prêt à faire « évoluer » ce dispositif pour l’amener à une simple « coopération entre le dispositif Epervier et l’armée Tchadienne ». Mercredi, Romain Nadal, porte-parole du Quai d’Orsay, a déclaré qu’ « une réflexion est en cours avec les autorités tchadiennes sur l’évolution du statut juridique de nos forces au Tchad ainsi que sur leur adéquation aux besoins. »

«Nous ne nous imposons pas »

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En août 2010 déjà, le président tchadien Idriss Deby avait remis en cause Epervier, en affirmant que son pays s’acheminait « vers une révision de l’accord de siège entre Epervier et le Tchad ». Le chef d’État du pays d’Afrique centrale reprochait également à la France de ne pas prendre en charge ses frais de présence militaire. Ce à quoi Alain Juppé n’avait pas manqué de réagir en rappelant que « le dispositif Epervier était en place « à la demande des autorités tchadiennes dans le cadre de l’accord qui lie les deux pays ». «Nous ne nous imposons pas », avait-il conclu.

Ce départ des troupes françaises du Tchad s’inscrit dans la politique de refonte de la présence militaire française en Afrique, politique décidée par le président français Nicolas Sarkozy. Dès 2008  ce dernier avait souhaité revoir les anciens accords de défense liant Paris à ses anciennes colonies pour une approche plus européennes des relations de sécurité avec le continent.

Protection des intérêts français

Ces premières remises en cause étaient intervenues dans un contexte de normalisation des relations entamée début 2010 entre le Tchad et le Soudan, après cinq ans de guerre. La frontière entre les deux pays avait été fermée dans le sillage de la guerre au Darfour, pendant que les régimes au pouvoir à Khartoum et à N’Djamena s’accusaient mutuellement de soutenir des rébellions hostiles à leurs dirigeants. En février 2008, alors qu’une offensive rebelle avait atteint N’Djamena, le dispositif Epervier avait ainsi évacué plusieurs centaines d’étrangers et fourni un précieux appui logistique et de renseignement aux forces d’Idriss Deby.

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950 hommes et des avions de chasse

L’opération Epervier avait été déclenchée en 1986, après une offensive des forces armées libyennes qui soutenaient le dirigeant tchadien Goukouni Oueddei, renversé quelques années auparavant par Hissène Hbaré.

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Depuis, l’armée française avait gardé ces 950 hommes et ses avions de chasse sur le terrain, occupant notamment une base sur l’aéroport de N’Djamena et une autre sur l’aéroport d’Abéché dans l’Est. Le dispositif assurait deux missions essentielles : la protection des intérêts français et la sécurité des Français résident au Tchad.
Depuis le départ annoncé en avril 2010 des troupes françaises stationnées au Sénégal, la France compte encore trois bases permanentes en Afrique, à Djibouti, au Gabon et à la réunion. (Avec AFP)
 

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