Débat : les élections en Afrique, faut-il s’en passer ?

Faut-il continuer à organiser des élections en Afrique ? La question était posée samedi 2 juillet lors d’un forum au Burkina Faso. Jeuneafrique.com vous invite à débattre de cette question et publiera les meilleures contributions. En attendant, quelques éléments de réflexion…

La démocratie tant réclamée en Afrique ressemble pour beaucoup à un miroir aux alouettes. © AFP

La démocratie tant réclamée en Afrique ressemble pour beaucoup à un miroir aux alouettes. © AFP

Publié le 5 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

Pas moins d’une quarantaine d’élections vont avoir lieu en Afrique en 2011 et 2012 (voir la carte interactive). Un record. Il fallait donc un certain courage pour organiser un forum autour du débat : « Les élections en Afrique, faut-il s’en passer ? ». C’est pourtant autour de cette question polémique – ou rhétorique, c’est selon – qu’étaient réunis, le 2 juin à l’Institut français du Burkina Faso, la journaliste politique Henriette Ekwè, le professeur de droit Luc Marius Ibriga et le célèbre rappeur sénégalais Didier Awadi. Et les conclusions de leurs discussions sont mitigées.

D’accord sur le principe

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Certes, l’élection comme mode de désignation des personnes dépositaires du pouvoir fait consensus. Si elle attise les passions, quitte à provoquer des dégâts, elle est sensée aplanir les différends et réguler la brutale compétition vers le sommet de l’État. Sur le principe, tout le monde s’entend, donc. On fait même la révolution, comme en Égypte ou en Tunisie, pour obtenir des scrutins justes et équitables. Cependant, selon les participants du forum, l’efficacité de l’élection démocratique est pour l’instant relative. En premier lieu à cause de la nature des partis politiques eux-mêmes.

La journaliste Henriette Ekwé estime par exemple qu’en Afrique, la transition démocratique a parfois uniquement transformé le parti unique en parti au pouvoir ou en parti majoritaire. Ce qui n’a pas forcément gommé les vieilles pratiques. Ainsi, ajoute-t-elle, les autorités n’engageront la bataille électorale que si elles la savent gagnée d’avance.

Pour participer

Vous pouvez donner votre opinion sur ce débat en utilisant la fonction « commentaires » sous cet article ou en envoyant vos contributions à l’adresse suivante : redactionweb@jeuneafrique.com. Nous publierons une sélection des réflexions les plus originales et les mieux argumentées.

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« Le parti au pouvoir a tous les moyens d’exercer sa corruption électorale, les moyens de répression, d’intimidation et de coercition étant entre ses mains ». C’est aussi lui qui fixe les règles du jeu – comme en République démocratique du Congo (RDC), où le passage à un scrutin à un tour unique ne manquera pas de favoriser le président sortant, Joseph Kabila

Multipartisme fantoche

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En outre, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, les partis d’opposition dépendent de la bonne volonté du pouvoir, qui a la mainmise sur les financements de l’État, pour exister. Au Cameroun, comme dans la plupart des pays africains, les membres de l’opposition sont bridés, voire tout simplement réprimés, dans leurs activités politiques en dehors des campagnes électorales car ils sont perçus comme des instigateurs du chaos, explique Henriette Ekwé. Et d’ajouter : « On sort les partis politiques de l’opposition de leur niche quelques jours avant les élections pour battre campagne ; après, ils doivent rentrer. »

La souveraineté du peuple serait donc souvent écrasée par la tyrannie des partis au pouvoir. Lesquels bénéficient parfois du soutien des Occidentaux – anciennes puissances coloniales ou non… À tel point, selon le Sénégalais Didier Awadi, que l’on en vient à « dépasser la notion de chef et à parler de serviteur. »

Faut-il dès lors, du fait d’un encadrement dictatorial, d’une mise en place inadaptée, ou de la violence des rapports néo-coloniaux, clouer les scrutins africains au pilori ? Ou, selon la formule de Jacques Chirac, penser que le multipartisme est « une sorte de luxe » pour le continent ? La question vous est posée.

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