Côte d’Ivoire : les avocats de Laurent Gbagbo dénoncent sa « détention arbitraire »
Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l’ONU, les avocats de Gbagbo contestent non seulement les conditions de la détention de leur client et de dizaines de proches de l’ancien régime, mais aussi la partialité dont aurait fait preuve l’Onuci dans la crise ivoirienne.
Les avocats de Laurent Gbagbo reprennent de la voix après plusieurs semaines de silence. Ils sont quatre : Mes Lucie Bourthoumieux, Roland Dumas, Jacques Vergès, Marcel Ceccaldi ; et ils reviennent sur le positionnement de l’ONU pendant la crise postélectorale ivoirienne. Après avoir tenté en vain d’attaquer la légalité de la résolution 1975, adoptée le 30 mars à l’unanimité par le Conseil de sécurité, qui exigeait le départ de M. Gbagbo et, surtout, autorisait les forces de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) à utiliser « tous les moyens nécessaires » pour protéger les civils, les avocats de l’ex-président dénoncent désormais une « application illégale » de ladite résolution.
La défense de Laurent Gbagbo reproche également à l’ONU « le problème du non respect du principe d’impartialité ». En clair, selon les avocats : « Aucune disposition de cette résolution n’autorise ni la remise du président Gbagbo entre les mains de l’autre partie au conflit ni la privation des droits humains les plus fondamentaux. »
"Enlèvement, séquestration"
Or les avocats ont constaté lors d’une visite à Gbagbo le 26 mai à Korhogo (nord) que « depuis le 11 avril, celui-ci est privé de toute communication avec l’extérieur ainsi que de tout droit de visite, le dépossédant ainsi de ses droits humains les plus fondamentaux », répètent-ils.
« En dépit de nos multiples démarches et demandes, nous n’avons pu entrer en possession du décret de mise en résidence surveillée » de M. Gbagbo, poursuivent-ils. « Ce décret n’existe pas, le président Laurent Gbagbo se retrouve par conséquent, avec l’aval tacite de l’Onuci et le soutien actif de la force Licorne française, victime d’un enlèvement, d’une séquestration et d’une détention arbitraire », argumentent-ils. Ce à quoi le procureur de la République d’Abidjan, Simplice Kouadio Koffi, a répondu dans une interview à jeuneafrique.com qu’il attendait l’autorisation du Conseil constitutionnel pour inculper formellement Gbagbo.
Par ailleurs, les avocats de l’ancien chef de l’État dénoncent des inculpations « dénuées de toute base légale » pour d’anciens membres du gouvernement de l’ancien régime, dont son ex-Premier ministre Gilbert Aké N’Gbo, et de hauts fonctionnaires.
Rôle des FRCI
Enfin, les avocats dénoncent également le fait que les responsables de la sécurité chargés de surveiller les personnalités de l’ancien régime en résidence surveillée à travers le pays (comme Simone Gbagbo, à Odienné) sont selon eux « difficilement identifiables ». « De même qu’à l’hôtel de la Pergola à Abidjan, nous avons pu constater à Korhogo la présence des forces du président Ouattara auprès des forces de l’Onuci », disent-ils.
Si à Abidjan et Korhogo la présence de l’Onuci a été constatée, « il n’en va pas de même pour les villes de Katioula, Odienné et Bouna où les assignés à résidence sont gardés par les FRCI », ajoutent-ils. Amnesty International avait dénoncé le 22 juin la détention sans aucune charge de dizaines de partisans de l’ex-président. Le lendemain, l’Onuci avait estimé que les conditions de détention s’amélioraient. (avec AFP)
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