Karim Wade : « C’est insulter les Sénégalais que de parler de dévolution monarchique »

Dans une lettre ouverte aux Sénégalais, Karim Wade réfute l’idée selon laquelle il chercherait à succéder à son père. Il met en cause l’opposition et les médias pour avoir répandu cette rumeur, infondée selon lui.

Le président Abdoulaye Wade (D) et son fils Karim (C), mle 19 janvier 2011 à Dakar. © AFP

Le président Abdoulaye Wade (D) et son fils Karim (C), mle 19 janvier 2011 à Dakar. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 4 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

Karim Wade sort du bois. Mais loin d’annoncer sa candidature à la présidentielle – ce dont l’opposition lui prête l’intention depuis des mois -, c’est au contraire pour en infirmer l’éventualité. « Tout comme le chef de l’État, je combats toute idée de dévolution monarchique du pouvoir », écrit le superministre (Coopération internationale, Transports aériens, Infrastructures et Énergie) dans une lettre ouverte aux Sénégalais datée de dimanche.

« Ce message ne peut être ignoré ni par le pouvoir ni par l’opposition. Notre formation politique, le Parti démocratique sénégalais [PDS], et nos alliés ne peuvent faire autre chose que de consolider les acquis démocratiques de Léopold Sédar Senghor, d’Abdou Diouf et d’Abdoulaye Wade », ajoute-t-il en référence au trois présidents sénégalais depuis l’indépendance, en 1960.

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"Un seul chemin pour le pouvoir"

« Chez nous, il n’y a qu’un seul et unique chemin pour accéder au pouvoir : celui des urnes. Au Sénégal, en France, en Angleterre, aux États-Unis et dans toutes les démocraties, le pouvoir ne s’hérite pas, il se conquiert par la voix des urnes », explique-t-il, après l’abandon par son père d’un projet de loi constitutionnel très décrié.

Celui-ci visait à élire simultanément au prochain scrutin présidentiel, en février 2012, un président et un vice-président avec 25 % des voix au premier tour. Mais il a été interprété par l’opposition comme la volonté du chef de l’État de vouloir imposer son fils pour sa succession. Sous la pression de manifestations qui ont tourné à l’émeute à Dakar le 23 juin, alors que le texte était examiné à l’Assemblée nationale, Wade a finalement décidé de jeter l’éponge.

« Désormais, il y a un avant et un après 23 juin », écrit Karim Wade. « Je le répète et le répéterai aussi longtemps que cela est nécessaire : c’est une insulte faite aux Sénégalais que de parler d’un projet de dévolution monarchique. Un tel projet n’a été, n’est et ne sera jamais dans les intentions du président de la République ni dans les miennes », affirme Karim Wade.

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La réponse de Karim Wade à ses détracteurs

Karim Wade insiste sur le fait que « le Sénégal connaît une longue tradition républicaine et démocratique. La souveraineté appartient au peuple qui, au terme d’élections libres, démocratiques et transparentes, confie le pouvoir à celui en qui il a confiance ».

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Et Karim Wade de répondre à ses détracteurs. « Si cette idée a continué de prospérer au point de susciter des rancœurs et parfois même de la haine envers le modeste passant sur terre que je suis, c’est parce qu’elle est savamment entretenue par une partie des acteurs politiques aidée en cela par certains journalistes, véritables machines de guerre contre ma petite personne ».

« Cette confusion doit finir ! Cette intoxication doit s’arrêter ! Cette injustice doit cesser », écrit le fils du président. Qui conclut : « Rien ne m’a été donné. » Karim Wade n’a jamais été élu au Sénégal et le mécontentement populaire dû aux délestages fréquents s’est cristallisée sur sa personne. Ses responsabilités éminentes au gouvernement lui valent d’être affublé par la presse privée du titre de « ministre de la terre, des airs et de la mer ». (avec AFP)

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