Tunisie : second procès Ben Ali sans les avocats de la défense
Le procès du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali s’est ouvert ce lundi en l’absence des deux avocats de la défense, qui ont décidé de se retirer suite au rejet de report du procès.
Mis à jour à 17 heures.
« Nous ne voulons pas participer à ce procès et nous nous retirons », a déclaré Me Hosni Beji, l’un des avocats de la défense du président déchu tunisien Zine el-Abidine Ben Ali.
Le second procès par contumace de l’ex-dictateur, jugé pour détention d’armes et de stupéfiants, s’est donc ouvert ce lundi sous une vague de protestations. « Dégage !», ont répondu à Me Hosni Beji les spectateurs présents au tribunal. Et après quelques minutes de suspension du procès, l’audience a repris devant une salle à moitié vide.
Les avocats commis d’office ont décidé de se retirer du procès suite au rejet de leur demande de report. « Nous œuvrons pour ramener notre client devant la cour, nous allons rentrer en contact avec Zine el-Abidine Ben Ali et nous comptons aller le voir en Arabie saoudite », avaient auparavant plaidé les défenseurs de Ben Ali face au juge Touahmi Hafi. Ils espéraient voir ce dernier étudier avec sérieux leur requête, et se sont montrés extrêmement déçus de ce refus. Me Hosni Beji, après avoir quitté la salle, a dénoncé « le non respect des droits de la défense ». « Je suis amer. On a bien bossé. Notre retrait n’est pas un caprice d’avocats, ce procès est entaché d’irrégularités », a-t-il fustigé.
"Une pièce de théâtre de plus"
Le report n’a donc pas été accepté. Sans les avocats de la défense, le juge a lu l’acte d’accusation contre le président déchu, énumérant les pièces saisies dans le palais présidentiel. Une valise, deux kilos de résine de cannabis, accompagnés d’une enveloppe à bulle, sur laquelle on lit le mot « drogue ». Le butin a été saisi puis montré au procès par le chef de la brigade des stupéfiants. Le juge a formellement affirmé que le mot avait été écrit par Ben Ali. Ont également été énumérées, les armes trouvées au palais « dont rien ne prouve qu’elles ont été importées de manière légale », « soixante pièces archéologiques de l’époque romaine et punique d’une valeur inestimable ».
L’affaire du « palais de Carthage » ne passionne pourtant pas les foules, comme en témoignent les rares lignes parues sur le sujet dans la presse tunisienne. Le premier procès Ben Ali, dans lequel le président déchu a été condamné en compagnie de son épouse Leïla Trabelsi à 35 ans de prison pour détournement de fonds, avait soulevé une vague d’enthousiasme, et s’était ouvert dans une ambiance surchauffée.
Lundi, au tribunal de première instance de Tunis, seuls quelques spectateurs étaient présents. « On rentre dans la routine », a constaté un des deux policiers postés à l’entrée de la salle. « C’est à l’image de ce qui se passe le pays, c’est une pièce de théâtre de plus ! » a résumé Ali Ayouni, un jeune Tunisien de 20 ans.
Le verdict de ce deuxième procès Ben Ali devrait être annoncé dans la journée. (Avec AFP)
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