Guinée : le projet de recensement électoral indigne l’opposition
Un an après le dernier recensement, le président guinéen Alpha Condé souhaite reprendre intégralement le processus et redistribuer aux électeurs recensés leur carte électorale alphanumérique. L’opposition dénonce un projet « anticonstitutionnel » visant à manipuler le fichier électoral en vue des prochaines élections législative.
« Le projet de reprise intégrale du recensement électoral est anticonstitutionnelle et inutilement budgétivore », a confié à jeuneafrique.com, Bah Oury, le vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti de l’opposition présidé par Cellou Dalein Diallo. Il dénonce un projet qui pourrait coûter « plus de 80 millions de dollars, ce qui est un gaspillage des ressources financières du pays, d’autant que nous sommes allés aux élections, remportées par M. Condé, avec des cartes numérisées. » Un projet jugé coûteux donc et chronophage aussi puisqu’« il a fallu deux ans pour faire ce dernier recensement », précise-t-il.
L’opposition menace de descendre dans la rue
Pour Bah Oury, le projet de reprise du recensement est tout simplement une manœuvre politique pour « manipuler le fichier électoral ». Par ailleurs, il a tenu à souligner que « la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) comme son nom l’indique est indépendante et ne saurait être placée sous tutelle d’un quelconque ministre ». Le vice-président de l’UFDG a donc menacé de faire descendre ses militants dans la rue si le projet est maintenu, estimant que son parti n’avait d’autre « choix que de demander au peuple de se mobiliser pour défendre la démocratie ».
De son côté, l’Union des forces républicaines (UFR), troisième force politique du pays après le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) de Condé et l’UFDG, estime que « le pouvoir cherche à gagner du temps ». Zoumanigui Bakary Goyo, secrétaire général de l’UFR, a confié à jeuneafrique.com qu’il est techniquement impossible d’organiser les élections législatives avant la fin de l’année, tel que le prévoit la constitution. « Nous allons nous battre pour faire respecter la constitution », a-t-il ajouté.
Des électeurs seraient "mal enregistrés"
Le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Alhassane Condé, a répondu jeudi aux accusations de l’opposition. « L’État guinéen ne dépensera pas plus de 30 millions de dollars », a-t-il rétorqué. Il a indiqué que le délai constitutionnel pour la tenue des élections législatives serait respecté et que le recensement prendrait fin au plus tard au mois d’octobre. Il a justifié la reprise du recensement par le fait que plus de « 461 000 (sur 4.2 millions d’électeurs) des Guinéens qui ont eu des cartes d’électeurs alphanumériques sont mal enregistrés ».
La Ceni et le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, ont signé récemment un protocole d’accord en vue de la reprise du recensement. Certains commissaires et l’opposition ont dénoncé cet accord qui selon eux, viole l’indépendance de la Ceni.
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