Sommet UA : le sort de Mouammar Kadhafi au centre des négociations
Les dirigeants africains présents au 17e sommet de l’UA ont débattu sur le sort de Mouammar Kadhafi, mais n’ont pas encore trouvé d’accord quant à son éventuel départ. Paris, qui a reconnu avoir livré des armes aux rebelles libyens, a assuré avoir informé le Conseil de sécurité de l’ONU de cette action.
Le 17e sommet de l’Union africaine (UA) a placé le dictateur libyen Mouammar Kadhafi au centre de ses conversations, et les aspirations quant au sort du « Guide » n’ont visiblement pas fait polémique, au moins officieusement. « Tout le monde [à l’UA] est d’accord sur le départ de Kadhafi. Certains le disent publiquement, d’autres pas », a affirmé Mansour Sayf al-Nasr, coordinateur en France du Conseil national de transition (CNT).
Pourtant, les membres de l’UA n’ont pas réussi à s’accorder sur une position commune, et ce même après plus de deux heures de réunion jeudi. Les « propositions pour un accord-cadre sur une solution politique en Libye », préparées depuis la veille par le comité des médiateurs de l’UA, qui regroupe l’Afrique du Sud, le Congo, le Mali, l’Ouganda et la Mauritanie, n’ont donc pas vu le jour.
Des rebelles prêts à tout
L’UA devait se prononcer notamment sur le cessez-le-feu, mais également sur des questions humanitaires et démocratiques, comme l’organisation d’élections. L’un des points de discorde entre les chefs d’États membres de l’UA, qui doivent se réunir à nouveau ce vendredi, concernait la participation de l’ex-dictateur aux négociations.
La rébellion libyenne attend elle, un départ de Mouammar Kadhafi. « Nos troupes avancent de tous côtés. Si les opérations militaires avancent pour l’encercler à Tripoli, il [Kadhafi] acceptera [de partir]. Kadhafi est isolé. Il est dans son bunker. Il ne peut se déplacer. Ce n’est pas une vie », a argumenté Mansour Sayf al-Nasr, ajoutant que des négociations avec les « frères qui sont autour de Kadhafi », seraient envisageables à condition que le dictateur libyen se retire. Les rebelles n’ont pas l’intention d’abandonner les armes tant qu’il restera au pouvoir. « On est prêt à tout », a menacé Al-Nasr.
La fille de Mouammar Kadhafi, Aïcha, a elle affirmé jeudi sur la chaîne publique française France 2, que son père ne partirait pas du territoire libyen. « Où voulez-vous qu’il parte ? Ici, c’est son pays, sa terre, son peuple… […] Il y a une chose que vous ne comprendrez jamais, c’est que mon père est un symbole… un Guide. » Me Aïcha Kadhafi a ajouté que « des négociations directes et indirectes » étaient actuellement menées entre le pouvoir de Tripoli et les rebelles.
Joutes franco-russes
Du côté des autorités libyennes, une « solution pacifique négociée » est attendue, comme l’a déclaré le ministre libyen des Affaires de l’UA, Joma Ibrahim Amer, qui a demandé un soutien de la part de l’organisation panafricaine.
En Libye, après trois mois de frappes internationales, le conflit ne cesse de s’enliser, tandis que la France a reconnu mercredi avoir livré des armes légères aux rebelles libyens. La France n’a fourni que « des armes d’autodéfense », a assuré vendredi le chef de la diplomatie française, Alain Juppé. Et cela sans omettre de prévenir l’ONU : « Nous avons informé le Conseil de sécurité et nos partenaires de l’Otan. » L’objectif annoncé de cette livraison était que « les populations civiles puissent s’exprimer, sans qu’elles soient sauvagement réprimées », a dit encore le ministre des Affaires étrangères. Paris a par ailleurs démenti avoir fourni des missiles antichars Milan.
Suite à cet aveu, des explications avaient été immédiatement quémandées par la Russie. « Si cela se confirmait, ce serait une violation grave de la résolution 1970 du Conseil de sécurité de l’ONU », a dit le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Une accusation que rejette la France, assurant être en conformité avec les décisions prises par l’organisme international. « Nous nous situons exactement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU », a assuré Alain Juppé. (Avec AFP)
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