Sénégal : le mouvement « Y’en a marre » condamne les violences mais ne désarme pas
Les violences qui ont eu lieu lundi à Dakar ne comptent pas beaucoup de partisans dans le mouvement « Y’en a marre », qui les a condamnées sans ambiguité sur son profil Facebook. Et l’opposition pacifique au président sénégalais Abdoulaye Wade ne semble pas près de désarmer, à en croire les réactions glanées ici ou là sur le web.
Leur slogan a mobilisé des milliers de manifestants. Il est même devenu un cri de ralliement que beaucoup arborent fièrement en travers de la poitrine. Le mouvement « Y’en A Marre », créé fin février 2011 et dont le nom est inspiré d’une chanson de Tiken Jah Fakoly, semble aujourd’hui gêné non par l’ampleur de l’opposition au président Wade mais par la violence et les dégradations qui ont entaché la manifestation de lundi soir à Dakar.
"La cible, c’est Wade !"
« La manifestation est un droit universel mais cela ne doit pas nous pousser à saccager nos héritages qui sont le résultat d’un dur labeur, celui de toutes les générations qui se sont succédés dans notre pays, le Sénégal » écrit ainsi le groupe sur sa page Facebook.
Un appel à la raison qui a trouvé de l’écho chez les quelque 14 000 membres du groupe sur le réseau social. Et notamment chez Valérie Bishop Ndiaye, qui lance un « appel à plus de responsabilité » : « Ne détruisons pas nos biens. Les bâtiments publics (agences de la Senelec, des impôts, mairies, etc.) nous appartiennent. Ce sont les ressources et le patrimoine du pays. » Et de rester ferme : « Ne nous trompons pas de cible. La cible, c’est Wade ! ».
Cependant les « Wade ! Dégage ! » sont aussi relayés par des opposants plus posés. Pa’Oumar, internaute de jeuneafrique.com, écrit en effet : « Arrêtons les manifestations et faisons de nos cartes d’électeurs nos armes pour lutter contre ce régime. » Et Liou Sa Faye d’ajouter, dans un autre commentaire : « En tout cas, c’est nous qui l’avons élu légalement pour un mandat bien déterminé. Donc assumons jusqu’en février ! »
"Barça ou barsakh"
Dans ce contexte, le scrutin de février 2012 s’annonce tendu. Mais quelles que soient les dissensions qui opposent le mouvement sur la forme, le clan Wade est face à une situation très désagréable. Si le projet de réforme constitutionnelle, désormais abandonné, a mis le feu aux foudres, c’est un mal plus social qui continue d’agiter la rue : celui des coupures d’électricités, du chômage et de l’immigration clandestine de ces jeunes Sénégalais qui ont à la bouche un terrible « slogan » : « Barça ou barsakh »… « Barcelone ou la mort ».
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