Gabon : enquête sur la mort des trois clandestins à Bitam, trois officiers suspendus
Le 16 juin, trois immigrés sont décédés dans la ville de Bitam au Gabon. Les conditions de leur détention sont mises en cause par la gendarmerie gabonaise qui a ouvert une enquête et suspendu trois officiers de leurs fonctions.
Dimanche, dans un communiqué, le ministère de la Défense du Gabon a annoncé l’ouverture d’une enquête par la gendarmerie nationale sur les conditions d’incarcération à Bitam d’une vingtaine d’immigrés clandestins suite au décès de trois d’entre eux.
La même source indique la suspension de trois officiers de la gendarmerie : « Par mesures conservatoires, le lieutenant-major Christian Ombango, commandant de la gendarmerie de Bitam, l’adjudant-chef-major Séraphin Menié Mezeng, commandant adjoint et l’adjudant-chef Nicaise Benga José, commandant de brigade Bitam-centre, ont été relevés de leurs fonctions, à compter du 23 juin 2011 », indique le texte officiel. Avant de conclure qu’un « rapport d’enquête devra être rendu dans les prochains jours ».
Des conditions de détention inhumaines
Interrogés par l’AFP, des clandestins ouest-africains ont décrit leur calvaire, long de « deux jours et deux nuits [en cellule] », précise l’un d’entre eux. Ils affirment avoir été enfermés à 22 dans une petite cellulle, battus et humiliés par les gendarmes. « On dormait dans [les excréments], il n’y avait pas de fenêtre. Ils [les gendarmes] disaient "vous n’avez qu’à mourir dedans." […] Les gens buvaient leur urine », a expliqué un autre détenu.
L’épidémie de choléra
L’enquête et la suspension des officiers de gendarmerie confirment la piste des maltraitances, qui avait été pourtant rejetée par les autorités gabonaises au moment des faits présumés. Dans deux communiqués publiés le 16 et le 19 juin, elles estimaient que les trois clandestins étaient décédés des suites d’une épidémie de choléra, et refusaient de mettre en cause les conditions de détention. « Contrairement à certaines informations véhiculées sans fondement, faisant état de prétendue maltraitance, de sévices ou de tortures, il s’agirait plutôt d’un cas de santé publique, que nous déplorons », avait précisé un communiqué.
Le 19 juin, le directeur du cabinet du ministre de la Défense, Rufin Pacome Ondzounga, avait même pointé les journalistes du doigt en parlant de « désinformation des médias nationaux et internationaux ». (Avec AFP)
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