Côte d’Ivoire – exclusif : 15 membres du camp Gbagbo mis en examen

Exclusif. L’ex-Premier ministre de Laurent Gbagbo, Gilbert Marie Aké N’Gbo, et plusieurs de ses anciens ministres, comme Alcide Djédjé, Désiré Dallo, Christine Adjobi, Danielle Boni Claverie, mais aussi l’ancien gouverneur de la BCEAO, Philippe Henri Dacoury Tabley, ont été inculpés à Abidjan. En tout, pas moins de 18 chefs d’accusation, dont crimes de sang et détournements de fonds publics, ont été retenus contre 15 personnalités de l’ancien régime.

Des membres du gouvernement de Laurent Gbagbo, le 7 décembre 2010 à Abidjan. © AFP

Des membres du gouvernement de Laurent Gbagbo, le 7 décembre 2010 à Abidjan. © AFP

Publié le 25 juin 2011 Lecture : 3 minutes.

La justice ivoirienne passe à la vitesse supérieure. Après les critiques acerbes et répétées d’Amnesty International et de Human Rights Watch au sujet des conditions juridiques floues de la mise en résidence surveillée de plusieurs proches de l’ancien président Laurent Gbagbo à l’Hôtel Nouvelle Pergola d’Abidjan (voir photo ci-dessous), quinze d’entre eux ont été inculpés de plusieurs chefs d’accusation.

La nouvelle leur a été signifiée vendredi 24 juin par les services du parquet du tribunal de première instance d’Abidjan. Au moins 18 chefs d’accusation ont été retenus contre ces personnalités du camp Gbagbo, dont le dernier Premier ministre de l’ancien président, Gilbert Marie Aké N’Gbo, et les anciens ministres Alcide Djédjé, Désiré Dallo, Christine Adjobi, Danielle Boni Claverie, mais aussi l’ancien gouverneur de la BCEAO, Philippe Henri Dacoury-Tabley (voir liste ci-dessous)…

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La justice ivoirienne leur reproche, entre autres, les faits présumés de crimes de sang, de participation à des bandes armées, d’atteinte à la sûreté de l’État, de crimes économiques, de vol en réunion, de détournements de biens de l’État…

"La justice suit son cours"

« C’est le cours normal de la procédure, les enquêtes préliminaires de la police et de la gendarmerie sont achevées, ce sera maintenant autour du juge d’instruction d’entamer ses enquêtes, nous sommes soucieux du droit et de la justice », a confié à jeuneafrique.com le ministre de la Justice Jeannot Ahoussou.

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La justice s’apprête également à lancer des mandats d’arrêts internationaux contre certaines figures de l’ancien pouvoir en fuite à l’étranger. Sont concernés l’ancien leader des « Jeunes Patriotes » Charles Blé Goudé et l’actuel porte-parole du président Laurent Gbagbo, Koné Katinan, également ex-ministre du Budget à qui l’on reproche d’avoir conduit les nationalisations forcées de l’agence nationale de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Abidjan et de deux filiales locales de banques françaises (BNP Paribas et Société générale).

"La pression des ONG"

Les hautes personnalités de l’État doivent être traduites devant des juridictions exceptionnelles, ce qui n’est pas encore fonctionnel.

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« C’est la pression des ONG qui a fait bouger Alassane Ouattara, explique sous couvert de l’anonymat un juriste proche de l’ancien pouvoir. C’est bien que le nouveau président emprunte enfin le chemin du droit, mais le problème de fond n’est pas résolu. Il s’agit de la compétence des juridictions qui pourront juger un Premier ministre, des ministres… La loi ivoirienne le stipule clairement : qu’elles soient en activité ou pas, les hautes personnalités de l’État doivent être traduites devant des juridictions exceptionnelles, ce qui n’est pas encore fonctionnel… »

Selon nos informations, les personnalités inculpées seront transférées au mois d’août à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), dès la fin des travaux de rénovation qui y sont en cours. Quant à l’ex-président Laurent Gbagbo, son épouse Simone et plusieurs autres de leurs proches toujours placés en résidence surveillée dans le nord de la Côte d’Ivoire, la procédure suit son cours. Au plan criminel seulement, car les enquêtes préliminaires sur les crimes économiques présumés qui leur sont reprochés sont terminées depuis le 17 juin.

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La liste des 15 personnes inculpées :

1- Gilbert-Marie Aké N’Gbo, ex-Premier ministre.

2- Alcide Djédjé, ex-ministre des Affaires étrangères.

3- Désiré Dallo, ex-ministre de l’Économie et des Finances.

4- Ettien Amoakon, ex-ministre des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles technologies de l’information.

5- Christine Adjobi, ex-ministre de la Santé et de la Lutte contre le sida.

6- Danielle Boni Claverie, ex-ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant.

7- George Armand Ouégnin, ex-secrétaire d’État chargé de l’Assurance mutuelle universelle (AMU).

8- Philippe Henri Dacoury-Tabley, ancien gouverneur de la BCEAO.

9- Franck Anderson Kouassi, ex-président du Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA).

10- Armand Bohui Komé, ex-journaliste au cabinet de l’ex-première dame Simone Gbagbo et ex-membre du Conseil national de la presse.

11- Norbert Gnahoua Zibrabi, ex-directeur de publication du journal L’Oeil du peuple et ex-conseil technique de Laurent Gbagbo.

12- Simone Hué Lou, ex-directrice générale adjointe de "La Refondation", société éditrice du journal du FPI Notre Voie.

13- Germain Guézé, ex-cameran à la RTI détaché à la Présidence.

14- Chantal Leba, ex-membre de la Fesci, présidente d’un mouvement patriotique.

15- Parfait Atsé Acho, ex-chef de cabinet de Ahoua Don Mello au ministère de l’Équipement et des Assainissements.

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