Moreno-Ocampo demande à la CPI l’autorisation d’enquêter sur les crimes en Côte d’Ivoire
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo a demandé aux juges de pouvoir enquêter sur les crimes commis pendant la crise postélectorale ivoirienne. Les camps antagonistes d’Alassane Ouattara et de Laurent Gbagbo sont également visés.
![Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo, à La Haye, le 16 mai 2011. © Robert Vos/AFP/Archives](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2011/06/23/023062011155733000000morenocoteivoirise.jpg)
Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo, à La Haye, le 16 mai 2011. © Robert Vos/AFP/Archives
La machine est lancée. Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) devraient – sauf surprise – bientôt accorder au procureur argentin Luis Moreno-Ocampo l’autorisation d’enquêter sur les crimes de guerre et contre l’humanité commis en Côte d’Ivoire pendant la violente crise postélectorale ivoirienne.
Moreno-Ocampo en a fait la demande officielle ce jeudi, selon un communiqué de son bureau qui précise qu’au moins 3 000 personnes ont été tuées, 72 sont disparues et 520 ont fait l’objet d’arrestations et de détentions arbitraires. Les sources citées par la CPI font également état de plus de 100 cas de viols.
FRCI et FDS dans le viseur
Les deux camps sont visés : forces pro-Ouattara (Forces républicaines de Côte d’Ivoire, FRCI) et pro-Gbagbo (ex-FDS, entre autres), qui continuent de s’affronter épisodiquement à Abidjan. « Les informations sur lesquelles s’est fondé le bureau du procureur fournissent une base raisonnable pour croire que les forces pro-Gbagbo et les forces pro-Ouattara ont commis des crimes relevant de la compétence de la CPI », affirme le bureau du procureur.
L’enquête risque donc d’être aussi gênante pour le nouveau pouvoir que pour l’ancien, puisqu’elle visera les personnes suspectées de porter la responsabilité pénale la plus lourde dans les crimes commis, et qui, selon plusieurs associations de défense des droits de l’homme, mais aussi l’Onuci et la plupart des observateurs, continuent en Côte d’Ivoire.
C’est pourtant le président ivoirien Alassane Ouattara qui avait, dans une lettre datée du 3 mai, demandé à la CPI d’enquêter en vertu du principe de complémentarité. Celui-ci stipule que la CPI ne peut juger les crimes de guerre et contre l’humanité que lorsque la justice d’un pays ne peut ou ne veut pas le faire elle-même.
Les exactions de Duékoué
Or selon l’Onuci, au moins un millier de personnes ont été tuées dans l’ouest du pays, où les FRCI d’Alassane Ouattara avaient pris Duékoué le 29 mars lors d’une offensive éclair sur Abidjan qui allait conduire à la chute de Laurent Gbagbo.
Selon le gouvernement ivoirien, une délégation du bureau du procureur de la CPI doit se rendre lundi prochain en Côte d’Ivoire afin d’évaluer la situation avant d’envoyer les enquêteurs officiels. C’est la deuxième fois depuis la création de la CPI en 2002 que son procureur décide d’ouvrir une enquête de sa propre initiative. Il peut aussi être saisi par un État partie au Statut de Rome ou par le Conseil de sécurité des Nations unies. (avec AFP)
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