États-Unis : un internet fantôme à l’usage des cyberdissidents

Après avoir vu Facebook et Twitter contribuer au renversement des dictatures tunisienne et égyptienne, plus personne n’hésite à considérer internet comme une véritable arme. Dans la perspective d’une cyber-guerre protéiforme, le gouvernement américain développe un véritable réseau fantôme permettant à n’importe qui de contourner la censure des dictatures. Un soutien aux dissidents qui rappelle le « bon vieux temps » de la Guerre froide.

Page d’accueil de la version chinoise du moteur de recherche Google. © AFP/Archives, Loic Venance

Page d’accueil de la version chinoise du moteur de recherche Google. © AFP/Archives, Loic Venance

Publié le 23 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Le New York Times a révélé l’un des projets les plus récents du gouvernement américain : le développement d’un Internet fantôme qui autorise tout simplement à contourner la censure. Pouvant être contenus dans une simple valise, les terminaux de ce réseau sont annoncés comme indétectables et ont été financés par une allocation de deux millions de dollars du département d’État (ministère des Affaires étrangères) des États-Unis. Objectif : franchir furtivement les frontières et installer rapidement des équipements pour créer une vaste zone de communication numérique sans fil incluant un accès à Internet et la téléphonie mobile.

Les Américains n’en sont pas à leur coup d’essai concernant l’utilisation des nouvelles technologies de réseau. Ils ont, en Afghanistan, déployé un vaste réseau de téléphonie mobile afin d’empêcher les Talibans de couper les communications des services officiels afghans. Un projet qui leur avait à l’époque coûté environ 50 millions de dollars.

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Nouveau front dans la guerre de l’information

« L’initiative est d’une certaine manière un nouveau front dans l’effort diplomatique pour la défense de la libre expression et de la démocratie », précise le New-York Times. Un nouveau front dans une guerre que les États-Unis ont depuis longtemps cernée : celle de l’information. Pendant la Guerre froide, Washington finançait déjà des programmes radiophoniques, « Voice of America » en tête, pour toucher l’Union soviétique. Cette dernière s’étant effondrée, c’est désormais vers l’Iran, la Libye, la Corée du Nord, la Syrie, le Venezuela, l’Indonésie ou encore la Chine que les regards de l’administration américaine se tournent. La participation financière de Washington à des programmes d’anonymat numérique visant à protéger les dissidents chinois de la censure de Pékin en atteste. Partout le principe est le même : bâtir un réseau de communication à partir d’un seul smartphone ou ordinateur portable et contourner le réseau officiel.

Démocratie et hégémonie

L’initiative n’a semble-t-il que des avantages pour Washington. Outre son côté furtif, son impact, humain ou médiatique, est sans commune mesure avec les interventions plus « voyantes » et très controversées, comme en Libye par exemple.

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Stéphane Koch, conseil en intelligence économique, interrogé par le site helvète SwissInfo.ch, explique : « Ce soutien à des cyberdissidents apparaît comme bien plus positif qu’une opération militaire en termes d’image et de nombres de tués et blessés, tout en étant aussi, voire plus dommageable pour le régime visé, responsable de la répression et des pertes en vies humaines. »

Un gain donc en terme de réputation mais également la possibilité de conserver une avance dans le domaine de la recherche et du développement de l’Internet. En imposant leur technologie, certes au nom de la démocratie, de la libre expression et de l’accès à Internet comme un droit de l’Homme, les États-Unis peuvent ainsi s’assurer de conserver une position privilégiée voire hégémonique sur le secteur. D’autant que le principal fer de lance numérique des dernières contestations n’est autre que le Facebook de Mark Zuckerberg, dont l’amitié intéressée avec Obama n’est pas passée inaperçue.

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