Sénégal : l’opposition en marche contre la réforme constitutionnelle de Wade

L’opposition politique et associative au président Abdoulaye Wade prévoit de manifester ce jeudi contre le vote à l’Assemblée d’un projet de réforme constitutionnelle instaurant un poste de vice-président. Et permettant au futur président de pouvoir être élu avec seulement 25 % des suffrages.

Le président sénégalais Abdoulaye Wade lors d’un discours, le 19 mars 2011 à Dakar. © AFP

Le président sénégalais Abdoulaye Wade lors d’un discours, le 19 mars 2011 à Dakar. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 23 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

La société sénégalaise est en ébullition et la journée risque d’être chaude à Dakar, voire un peu partout dans le pays. Vent debout contre un projet de loi constitutionnel qui doit être voté ce jeudi à l’Assemblée nationale, l’opposition et diverses associations ont déjà organisé mercredi de nombreuses manifestations « spontanées » dans plusieurs quartiers de la capitale, dans sa banlieue ainsi que dans de nombreuses régions dont Kaolack, Fatick (centre) et Ziguinchor (sud).

À Dakar, la mobilisation s’est transformée en émeutes, les policiers sont intervenus brutalement et ont interpellé de nombreux militants du mouvement de jeunes « Y en a marre », dont deux célèbres rappeurs : Cyrille Touré « Thiatt » et Malal Tall « Fou malade ».  Même à Paris, l’ambassade du Sénégal a été brièvement occupée par des opposants.

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En cause : la volonté du chef de l’État Abdoulaye Wade d’instaurer un vice-président élu ; et surtout, le « ticket » formé par le candidat à ce poste et celui à la magistrature suprême, qui pourrait remporter l’élection avec seulement 25 % des voix, seuil qualifié de « minimum bloquant » en cas d’absence de majorité absolue au premier tour.

De "super" ministre à vice-président ?

« Dans le cas où aucun des tickets n’aurait 25 %, […] les deux tickets les mieux placés se retrouveront alors au second tour » avec application de la règle de « la majorité relative », a précisé mercredi soir à la télévision publique RTS Abdoulaye Babou, député de la mouvance présidentielle.

Mais à huit mois de la présidentielle de février 2012, à laquelle Abdoulaye Wade a annoncé qu’il se représenterait, la suspicion de voir ce dernier chercher à « placer » son fils aux plus hautes fonctions de l’État est dans tous les esprits. Car la réforme envisage qu’en cas de vacance du pouvoir, le président sera remplacé par le vice-président qui aura toutes ses prérogatives – y compris celle de nommer ou révoquer le nouveau vice-président. Et beaucoup soupçonnent M. Wade de vouloir se faire réélire avec un minimum de voix, pour ensuite céder le fauteuil à son fils et « super » ministre Karim Wade.

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Amendements

Reste qu’on ne connaît pas exactement la nature du texte qu’examineront jeudi les députés en séance plénière, puisque celui-ci a subi « 35 amendements » en commission technique, a expliqué le député Babou, sans donner plus de détail. Mais le gouvernement a d’ores et déjà prévenu qu’il ne renoncerait pas au projet en dépit du tollé dans l’opposition et la société civile.

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Jeudi, opposants et partisans du texte sont autorisés à manifester autour de l’Assemblée nationale, mais chaque camp dans un espace bien précis, a indiqué le ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom dans un communiqué diffusé mercredi soir par la RTS. Il a appelé à des manifestations pacifiques « jusqu’à leur dispersion ». Laquelle risque d’être un peu plus rapide que ce que les militants espèrent… (avec AFP)

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