Syrie : le discours d’Al-Assad suscite la colère des manifestants
Plusieurs milliers de Syriens sont à nouveau descendus dans les rues pour réclamer la chute du régime, après un discours du président Bachar al-Assad qui refuse de reconnaître l’ampleur de la contestation.
Lundi, les manifestants ont défilé un peu partout en Syrie pour réclamer le départ du président syrien Bachar al-Assad, dont la famille monopolise le pouvoir depuis plus de 40 ans. Dans la cité universitaire d’Alep notamment (nord du pays), où près de 2000 personnes défilaient pour protester contre le discours du président, 60 ont été arrêtées. Des milliers de personnes se sont également rassemblées, toujours dans le nord du pays, dans la ville de Hama, et à l’ouest, dans la ville côtière de Lattaquié.
D’après Rami Abdel Rahmane, président de l’Observatoire syrien des droits de l’homme basé à Londres, les protestataires étaient particulièrement en colère après les propos du président syrien les qualifiant de « saboteurs, d’extrémistes ou de gens ayant des besoins ».
Troisième discours controversé
Bachar al-Assad s’est exprimé à l’université de Damas. C’était sa troisième intervention publique depuis le début de la contestation en mars. Il a encore affirmé qu’un complot était fomenté contre la Syrie et a prévenu qu’il n’y aurait pas de réformes dans le chaos.
« On peut dire que le dialogue national est le slogan de la prochaine étape », a ajouté le président syrien, précisant que ce dialogue pourrait aboutir « à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution ». Il a notamment évoqué la possibilité d’une abrogation de l’article constitutionnel qui consacre l’hégémonie du parti Baas, qui gouverne le pays d’une main de fer depuis 40 ans. Non sans conditionner les changements à un retour au calme.
« Pas de développement sans stabilité, pas de réformes à travers le sabotage et le chaos (…). Ce qui se passe aujourd’hui de la part de certains n’a rien à voir avec les réformes ou le développement, il s’agit de sabotage », a martelé le président syrien.
Réaction française
Quelques heures après le discours de Bachar al-Assad, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a réagi en déclarant que si certains considéraient qu’il était encore temps pour le leader syrien « de s’amender et d’engager un processus de réformes », lui, personnellement, en doutait. « Je crois que le point de non retour a été atteint », a-t-il dit lors d’une conférence de presse. « La répression a fait plus d’un millier de morts, elle a été d’une violence inouïe, on ne peut pas l’accepter sans réagir » a-t-il insisté.
Cela va faire plusieurs jours maintenant que la France et la Grande-Bretagne ont déposé un projet de résolution devant le conseil de sécurité de l’ONU visant à condamner la répression en Syrie et à demander au gouvernement de répondre aux revendications légitimes du peuple.
Les opposants, les militants démocrates et les manifestants syriens réclament aujourd’hui la chute du régime, des élections libres et l’annulation de la suprématie du parti Baas, jugeant insuffisantes les rares déclarations du président syrien.
Le régime mène depuis plusieurs mois une répression sanglante à l’encontre des mouvements de protestations. Sans vouloir reconnaître l’ampleur de la contestation, le régime a déployé ses troupes et ses chars dans de nombreuses villes pour essayer de limiter la contestation. Depuis le début du mouvement, plus de 1 100 civils ont été tués et plusieurs centaines de personnes ont trouvé refuge de l’autre côté de la frontière nord, en Turquie. (avec AFP)
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