Me Ernes : « Nous réclamons la requalification de Mazembe en Ligue des champions »
Disqualifié de la Ligue des champions africaine par la CAF le 14 mai dernier pour avoir aligné un joueur non qualifié, le TP Mazembe a décidé de saisir la Fifa. Me Grégory Ernes, l’associé de Me Luc Misson, l’avocat belge en charge du dossier, explique les arguments du club phare de RDC à jeuneafrique.com.
Jeuneafrique.com : Le TP Mazembe et le joueur Janvier Besala ont choisi de saisir la Fifa le 9 juin 2011. Sur quels éléments le club va-t-il s’appuyer ?
Me Grégory Ernes : Le TP Mazembe a été disqualifié pour avoir aligné Besala lors du match aller des seizièmes de finale à Lubumbashi face à Sinba Sports (3-1). Le club marocain a déposé une réserve, en affirmant que Besala n’était pas qualifié, puisqu’il appartiendrait selon lui à l’Espérance Tunis. Besala est parti en 2007 pour l’Espérance, alors qu’il jouait à Virunga [RDC], pour un contrat de trois ans et demi, jusqu’en décembre 2010. Or, il faut savoir que Besala, durant son séjour en Tunisie, n’a jamais eu de permis de séjour supérieur à une semaine, et qu’il devait le faire renouveler tous les huit jours à l’aéroport de Tunis.
Pourquoi était-il dans cette situation ?
Quand il a signé, l’Espérance avait déjà sous contrat trois joueurs étrangers, le maximum autorisé par le règlement tunisien. D’où sa difficulté à obtenir un permis de travail. Puis, à un moment, Besala n’a plus été payé. En mars 2010, il a rompu son contrat. Et sur son site Internet, l’Espérance affirmait que Besala était un joueur libre à qui elle souhaitait bonne chance. Besala a ensuite signé à Virunga, où il a joué presque une saison. Là où Mazembe l’a acheté pour 50 000 dollars [environ 35 000 euros], en s’assurant qu’il n’appartenait plus à l’Espérance. Il y a donc eu un transfert national. Si la Fédération congolaise de football [Fecofa] n’a pas – éventuellement – pris toutes les garanties sur le cas Besala, Mazembe n’en est pas responsable.
Que reproche Mazembe à la CAF (Confédération africaine de football) ?
La CAF a suspendu le club pour fraude. Une fraude, c’est quelque chose d’intentionnel. Or, Mazembe a aligné son joueur en toute bonne foi.
Mais la CAF assure avoir reçu l’avis de la Fifa pour disqualifier Mazembe…
Non. Elle a simplement demandé l’avis de la Fifa sur l’interprétation d’un point de règlement. Et la Fifa a demandé après l’annonce de la disqualification de Mazembe des renseignements sur Besala ! Il faut savoir que Mazembe a été informé de sa disqualification par un courrier envoyé par le secrétaire général de la CAF – qui est marocain [Hicham el-Amrani], lequel employait le mot fraude. Et ce n’est pas tout : suite à la disqualification de Mazembe, la CAF a décidé d’organiser fin mai au Caire une rencontre entre le WAC et Simba Sports [3-0], éliminé lors du tour précédent par les Congolais. Or, le règlement de la CAF stipule que si une équipe est disqualifiée, c’est son dernier adversaire qui la remplace. Alors, pourquoi la CAF a-t-elle enfreint ses propres règles, en organisant ce match ?
Que réclamez-vous désormais ?
La réhabilitation de Mazembe, et sa requalification en Ligue des champions, dont la phase de poules va débuter le 15 juillet prochain. Cela devient urgent. Mais le club se réserve la possibilité de saisir également le Tribunal arbitral du sport [TAS] et la justice congolaise.
___
Propos recueillis par Alexis Billebault.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- À Casablanca, la Joutia de Derb Ghallef en voie de réhabilitation
- Mali, Burkina, RDC, Afrique du Sud… Haro sur le néocolonialisme minier !
- Gabon : 10 choses à savoir sur la première dame, Zita Oligui Nguema
- Sénégal : à quoi doit servir la nouvelle banque de la diaspora ?
- En RDC, la nouvelle vie à la ferme de Fortunat Biselele