La visite de Juppé à Alger confirme la détente des relations franco-algériennes

La visite éclair à Alger du chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a permis d’officialiser le rapprochement entre la France et l’Algérie. Une « embellie » politique et économique au prix d’une omission de taille : la question de la repentance coloniale.

Alain Juppé (D) est reçu le 16 juin 2011 par le président algérien Abdelaziz Bouteflika. © AFP

Alain Juppé (D) est reçu le 16 juin 2011 par le président algérien Abdelaziz Bouteflika. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 16 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Cela faisait longtemps qu’un Premier ministre français des Affaires étrangères ne s’était rendu en visite officielle en Algérie. La dernière, celle de Bernard Kouchner en mai 2008, datait de plus de trois ans. C’est donc une évidence : le voyage d’Alain Juppé à Alger, le 16 juin, marque un tournant positif dans les relations franco-algériennes, marquées jusqu’à encore récemment par de nombreux sujets de tensions.

Le chef de la diplomatie française a d’abord rencontré son homologue Mourad Medelci, le Premier ministre Ahmed Ouyahia puis a été invité à déjeuner par le président Abdelaziz Bouteflika. Selon son entourage, Juppé a été reçu « chaleureusement » et l’entretien avec le chef de l’Etat a été « excellent, long et tous les sujets abordés ont été approfondis » ce qui « confirme bien l’embellie des relations franco-algériennes », ajoute-t-on de même source.

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Divergences sur la Libye

Le sujet de la guerre en Libye a été particulièrement discuté. Malgré la détente franco-algérienne, les approches de Paris et Alger sont « différentes » sur le dossier libyen, a fait remarquer un diplomate algérien. Les Algériens suivent la feuille de route de l’Union africaine, qui recommande une solution politique au conflit, approuvent la résolution 1973 du Conseil de sécurité qui a imposé une zone d’exclusion aérienne, mais jugent que l’Otan outrepasse son mandat en exigeant le départ de Kadhafi.

« Quand un chef d’État utilise ses canons et ses armes contre la population, il doit partir » car il « a perdu toute légitimité », a fait valoir à ce sujet Alain Juppé lors d’un point de presse conjoint avec Mourad Medelci. Lequel rappelle qu’il faut attendre les décisions de la Ligue arabe et de l’Union africaine pour se prononcer sur la légitimité du régime libyen.

Convergences sur le Sahel et l’économie

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Autre sujet primordial, qui suscite plus de convergence de vues : la sécurité dans le Sahel. « Nous sommes tout à fait disponibles pour participer à [la] coopération » régionale contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a déclaré Juppé qui a longuement félicité Alger pour son engagement contre le terrorisme et la criminalité.

Enfin, sur les questions bilatérales, c’est sans surprise le développement d’un partenariat économique qui a dominé les discussions, dans la foulée de la mission réussie de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui s’est achevée par un forum rassemblant plus de 600 entreprises fin mai.

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Seule ombre au tableau : la question de la repentance de la France pour son passé colonial en Algérie, que la presse a plusieurs fois agitée sous le nez du ministre français. « Nous n’allons pas ressasser indéfiniment » cette période de l’Histoire, a-t-il répondu avec humeur. (avec AFP)

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