Le retour de la guerre au Sud-Soudan
Les Nations unies et les États-Unis s’alarment de l’intensification des combats au Soudan. À trois semaines de la déclaration l’indépendance du Sud-Soudan, ce retour de la violence pourrait fragiliser l’accord de paix de 2005.
« L’heure est venue pour les dirigeants soudanais, du Nord comme du Sud, de choisir la paix » car « il n’y a pas de solution militaire » au conflit qui s’est déclaré début mai entre des rebelles sudistes et l’armée de Khartoum, a déclaré le président américain Barack Obama mercredi. Après les Nations unies, Washington est aussi sorti de son silence et exige la fin des hostilités. Pour les États-Unis, pas de doute : le gouvernement du président Omar el-Béchir est responsable de cette crise.
« Le gouvernement du Soudan doit prévenir toute nouvelle escalade de ce conflit en cessant immédiatement ses actions militaires, y compris les bombardements aériens, les déplacements forcés [de populations] et les mesures d’intimidation », a déclaré Obama, dans un message enregistré pour la radio publique américaine Voice of America (VOA).
L’heure est venue pour les dirigeants soudanais, du Nord comme du Sud, de choisir la paix.
Mardi, la Maison Blanche avait déjà menacé Khartoum de mettre un terme au processus de « normalisation » des relations entre les deux pays – qui vise à réexaminer le placement du Soudan sur la liste américaine des États soutenant le terrorisme – si « l’escalade » de la violence se poursuivait dans le pays.
D’Abyei au Kordofan Sud
Depuis le 21 mai, c’était la ville-région d’Abyei, à la lisière entre le Nord et le Sud du Soudan, qui cristallisait les tensions. L’armée nordiste (Sudan Alliance Forces, SAF) avait alors pris le contrôle de la ville, après de violents combats. Plus de 100 000 personnes ont depuis fui la zone.
Ensuite, le conflit s’est déplacé dans la région du Kordofan Sud, et ce depuis le 5 juin. Autre lieu mais mêmes acteurs : cette province frontalière est actuellement en proie à des affrontements entre les SAF, aidées de milices pro-gouvernementales, et des forces liées aux sudistes de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA).
Plus de 1 500 morts
Outre Abyei et le Kordofan Sud, les affrontements touchent désormais peu à peu toute la frontière entre le Nord et le Sud. Des responsables locaux sud-soudanais ont fait état de près d’une centaine de personnes tuées cette semaine, sur onze zones de conflit. Dans l’État de Warrap, 29 personnes ont été tuées ; dans l’État des Lacs, 71 morts ont été décomptés. Des bombardements et des tirs d’obus ont enfin été signalés lundi dans l’État d’Unité, déjà touché le 7 mai par des attaques ayant fait 82 morts.
Au total, plus de 1 500 personnes ont été tuées dans les violences à travers le Sud-Soudan depuis le référendum pour l’indépendance en janvier, selon l’ONU. Près de 60 000 personnes auraient également été forcées à quitter leur habitation, d’après le dernier rapport du bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).
Remise en cause de l’accord de paix
Affrontements violents, réfugiés et morts par milliers…Ces évènements font craindre une reprise de la guerre civile qui a ensanglanté le pays entre 1983 et 2005, date où un accord de paix avait été signé par le gouvernement de Khartoum et le Mouvement Armée de libération du peuple soudanais (SFLM/A).
Si une guerre devait à nouveau éclater, rien ne garantit la proclamation d’indépendance du Sud-Soudan.
Lors de cette guerre civile, la région du Kordofan Sud avait déjà été transformée en champ de bataille. Riche en pétrole et en eau, cet État, comme beaucoup d’autres voisins, était le théâtre d’affrontements entre plusieurs tribus, soutenues par les deux capitales, Khartoum (Nord) et Juba (Sud). Aujourd’hui, il semble que l’accord de paix de 2005 n’ait pas réussi à réconcilier ces communautés.
Or, si une guerre devait à nouveau éclater au Soudan, rien ne garantit alors la proclamation d’indépendance du Sud Soudan, prévue le 9 juillet prochain. Et rien n’assure non plus le référendum d’autonomie de la région d’Abyei, qui aurait dû se tenir depuis février dernier. (avec AFP)
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