Syrie : « The Gay Girl in Damascus » était en fait « a man in Edinburgh »

Amina Arraf, la blogueuse syrienne dont l’enlèvement avait ému la blogosphère il y a une semaine, avant de paraître douteux, n’est en fait pas réelle. Son créateur est Tom MacMaster, un étudiant américain en Écosse. Qui « s’excuse » de la supercherie – tout en estimant que « les faits relatés sur le blog sont authentiques ».

La page d’accueil du groupe Facebook créé en soutien à Amina Arraf. © D.R.

La page d’accueil du groupe Facebook créé en soutien à Amina Arraf. © D.R.

Publié le 14 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Une supercherie numérique pour la bonne cause ? C’est ce que tente d’expliquer l’Américain Tom MacMaster, qui étudie à Édimbourg. Celui-ci a avoué lundi avoir créé le personnage d’Amina Arraf, cette blogueuse syrienne, qui se battait pour l’instauration de la démocratie dans son pays, et avait atteint une notoriété mondiale suite à son prétendu enlèvement, mercredi 8 juin par des hommes armés à Damas.

Devenue peu à peu égérie de la contestation en Syrie, Amina s’était retrouvée au centre des attentions de la communauté des opposants syriens dans le monde et des médias internationaux, tous attachés à retrouver la trace de la jeune femme. Mais cette tâche impossible a vite rendue l’affaire douteuse.

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"Être écouté du public occidental"

Le suspense a perduré jusqu’à ce que l’auteur de la supercherie finisse par tomber le masque dans un message d’excuses publié sur le blog en question. « Je n’aurais jamais cru provoquer un tel niveau d’intérêt », explique-t-il. Vraisemblablement dépassé par les événements, Tom avoue ainsi avoir créé Amina afin de lutter pour la démocratisation au Moyen-Orient et « d’être écouté du public occidental ». Objectif atteint… Mais au passage, cet Américain de 40 ans ne s’est pas fait que des amis.

L’éditeur syrien du site GayMiddleEast écrit en effet : « À M. MacMaster, je dis : Honte à vous !!! Des blogueurs en Syrie tentent de faire remonter les informations sur ce pays en prenant de nombreux risques. » Et d’ajouter : « Ce que vous avez fait a heurté beaucoup de monde, et nous a tous placés dans une position dangereuse. J’avais moi-même commencé à enquêter sur l’arrestation d’Amina. J’aurais vraiment pu me retrouver en danger. »

Discrédit sur les opposants

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Le régime de Bachar al-Assad n’a en tout cas pas hésité à s’emparer de l’affaire pour jeter le discrédit sur des opposants qui se servent d’internet comme d’une arme. Ainsi, l’agence de presse officielle Sana a estimé que « ceci illustr[ait] bien les mensonges et les allégations comme quoi le régime kidnappe des blogueurs et des activistes ».

Amina Arraf, alias Tom MacMaster, vient donc de passer du statut d’égérie à celui de « boulet » pour la cause des « activistes ». Une anecdote numérique qui a son importance alors que la répression de l’armée syrienne s’intensifie près de la frontière turque, dans le nord du pays, où 10 000 personnes se seraient massées pour fuir les bombardements et les rafles.

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