Syrie : le cas Bachar al-Assad porté au Conseil de sécurité
Insensible aux appels de la communauté internationale, le président Bachar al-Assad continue à réprimer les manifestants syriens. Ce qui a incité certains États européens, sous l’impulsion de la Grande-Bretagne et la France, à déposer un projet de résolution au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour calmer la situation en Syrie.
« La Grande-Bretagne et la France doivent déposer ce mercredi une résolution devant le Conseil de sécurité de l’ONU pour condamner la répression en Syrie », a annoncé le Premier ministre, David Cameron, devant le Parlement britannique.
Le chef du gouvernement britannique a évoqué des rapports crédibles faisant état de 10 000 personnes emprisonnées et d’un millier de morts, avant de juger totalement inacceptable la répression contre les manifestants opposés au régime du président syrien Bachar al-Assad. Les deux pays veulent également obtenir un accès humanitaire.
Vers une résolution à l’ONU
« Nous ne devons pas rester silencieux face à ces actes scandaleux et nous le resterons pas, a-t-il assuré. Si quelqu’un vote contre cette résolution ou tente d’y opposer son veto, il devra en référer à sa conscience. »
Le projet de résolution a été rédigé par la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Portugal. Il a pour objectif de condamner la répression en Syrie et de demander au gouvernement syrien de répondre aux revendications légitimes des Syriens. Le projet prévoit également de demander la libération de tous les prisonniers d’opinion et la levée des restrictions sur les médias et internet.
Mardi, le ministre des Affaires étrangères britannique, William Hague, avait indiqué que la Grande-Bretagne tentait de persuader d’autres pays que le Conseil de sécurité devait s’exprimer sur la situation en Syrie.
« Le président Assad est en train de perdre sa légitimité, il devrait faire des réformes ou partir », avait déclaré le chef de la diplomatie britannique.
1 100 civils tués
La situation en Syrie semble se détériorer. À Jisr al-Chougour, une ville du gouvernement d’Idleb à la frontière turque, la situation reste tendue depuis samedi. D’après les autorités syriennes, plus de 120 policiers ont été tués dans cette ville par des « groupes armés ». Des déclarations réfutées par des blessés ayant fui la ville et qui accusent les autorités d’utiliser des snipers et des hélicoptères pour mitrailler la foule, y compris lors des funérailles.
« La dernière chose dont je me souviens, c’est quand un sniper m’a tiré dessus : une balle est entrée par ma clavicule, et est ressortie par mon flanc gauche. Comme j’essayais d’avertir mes amis, une autre balle m’a transpercé la main. Après j’ai perdu conscience », relate Selim, 28 ans, dans un lit d’hôpital de la petite ville turque d’Antakya.
Comme Selim, plusieurs Syriens ont fui la répression en se rendant en Turquie. D’après des sources diplomatiques turques, ils seraient 41 à avoir franchi la frontière ce week-end, dont une vingtaine de blessés. Un groupe turco-syrien d’entraide aux réfugiés a pour sa part évoqué l’arrivée en Turquie de 88 blessés depuis le 20 mai.
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé que son pays ne fermerait pas ses portes aux réfugiés de la Syrie après l’arrivée en Turquie de 122 Syriens originaires de Jisr al-Choughour.
En France, l’ambassadeur de Syrie à Paris, Mme Lamia Shakkour, a vivement démenti avoir démissionné et elle a accusé la chaîne France 24 de « désinformation », affirmant qu’une femme s’était fait passer pour elle la veille au téléphone sur cette chaîne de télévision.
Le quotidien syrien Al-Watan, proche des cercles du pouvoir, a profité de l’occasion pour critiquer avec virulence l’ensemble de la presse en France. « C’est un scandale historique impliquant […] toute la presse française. Cela devrait inciter à la démission immédiate du rédacteur en chef de France 24 […] et peut-être du Premier ministre français », a écrit le journal.
D’après les données de plusieurs organisations non gouvernementales syriennes, plus de 1 100 civils, dont des dizaines d’enfants, ont été tués depuis le début du mouvement de contestation contre le régime. Ce dernier a annoncé la levée de l’état d’urgence, la création d’une commission sur le multipartisme et une amnistie générale, tout en continuant à réprimer violemment les manifestants. (Avec AFP)
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