Égypte : l’armée peine à séduire les jeunes manifestants

Le Conseil suprême des forces armées organisait mercredi soir une réunion avec des jeunes Égyptiens. Objectif : réussir à les convaincre de sa bonne foi et discuter un certain nombre de problématiques politiques et sociales.

Manifestations place Al-Tahrir, le 27 mai 2011. © Khaled Desouki/AFP

Manifestations place Al-Tahrir, le 27 mai 2011. © Khaled Desouki/AFP

Publié le 3 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a fait salle comble mercredi soir dans l’amphithéâtre du quartier huppé d’Héliopolis. Les 1 000 délégués de diverses associations et mouvances politiques représentant les jeunes manifestants avaient fait le déplacement.

« Les membres du Conseil suprême des forces armées ont insisté sur la présence de l’armée au côté du peuple, ils ont évoqué les défis et les enjeux qui se posaient à nous aujourd’hui, et ils ont expliqué les choix qu’ils ont faits et le calendrier politique qui a été établi, tout cela en toute transparence et en toute objectivité. Personnellement, nous étions très satisfaits de la réunion d’hier », précise Abdallah Helmi, secrétaire général de l’Association des jeunes de la révolution.

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Le succès aurait été tel que dans un communiqué publié mercredi, le CSFA d’Égypte faisait savoir sa volonté d’organiser des réunions la semaine prochaine pour discuter plus longuement avec les différentes associations.

Des réticences demeurent

Mais plus de 20 associations étudiantes avaient fait savoir qu’elles n’assisteraient pas à la réunion. Atteintes aux droits civiques, violences, pressions sur les médias… la liste des griefs contre l’armée avait été publiée sur Facebook dans un communiqué commun.

Les signataires rejetaient le jugement des civils par les tribunaux militaires. Ils protestaient également contre les violences exercées à plusieurs reprises par les forces de sécurité de l’armée contre les manifestants. Les associations ont également fait savoir que le délai accordé par le Conseil suprême, était trop court (quarante-huit heures) pour leur permettre de se préparer à un tel évènement, et aucune précision n’avait été apportée concernant les sujets qui devaient être abordés.

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Le quotidien égyptien Al-Dostour publiait aujourd’hui sur son site internet l’avis d’une des associations étudiantes présente mercredi soir à la réunion, qui a fait savoir qu’elle regrettait sa participation à la conférence et que dorénavant elle ne prendrait plus part à de tels évènements. « La place Al-Tahrir est le seul moyen pour obtenir les demandes de la révolution », peut-on lire dans le communiqué, qui précise également que les membres de l’association ont été surpris par la forte présence de jeunes issus du Parti national démocrate (PND), l’ex parti au pouvoir, et des mouvances Frères musulmans et salafistes.

La réunion intervenait également dans un contexte délicat, puisqu’une affaire de « tests de virginité » qui auraient été imposés à des manifestantes par des militaires en mars a refait surface. Un haut gradé égyptien, s’exprimant anonymement sur la chaîne américaine CNN avait justifié ces tests en disant qu’ils avaient été pratiqués pour éviter que les manifestantes « aillent dire qu’on les a abusées sexuellement ou violées ».

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À cela s’ajoute l’audition à laquelle se sont rendus trois journalistes, interrogés pendant trois heures par la justice militaire après avoir critiqué l’armée. (avec agences)

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