Mutineries au Burkina Faso : la mairie de Bobo Dioulasso incendiée

La deuxième ville du Burkina Faso, Bobo Dioulasso, n’a pas échappé à la vague de mutineries qui s’est abattue sur le pays depuis plus de deux mois. Pour protester contre les violences et les pillages, des commerçants ont incendié la mairie.

Des étudiants burkinabè manifestent dans les rues de Ouagadougou le 23 mai 2011. © Ahmed Ouoba / AFP / Archives

Des étudiants burkinabè manifestent dans les rues de Ouagadougou le 23 mai 2011. © Ahmed Ouoba / AFP / Archives

Publié le 2 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Jeudi 2 juin au matin. Sur l’avenue de la République, à Bobo Dioulasso, le supermarché Marina Market est dévasté. Ses portes sont défoncées. Le sol est jonché de produits piétinés. Non loin de là, la Société burkinabè d’équipements a elle aussi été vandalisée. Son stock de climatiseurs, de gazinières, de motocyclettes a disparu. « C’est incroyable. Vraiment incroyable ! » s’exclame un vendeur de téléphones portables, encore sous le choc. Sa boutique a été entièrement vidée et mise à sac.

Jamais Bobo Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso, n’avait été le théâtre de tels événements. Qui découlent de la mutinerie du camp Daniel Ouezzin Coulibaly de Bobo, où sont formés une partie des soldats de l’armée burkinabè.

la suite après cette publicité

Manifestations de commerçants

Les premiers tirs ont retenti dans la soirée du 31 mai et se sont prolongés une bonne partie de la journée. Quant aux pillages, ils ont duré toute la nuit et se sont reproduits dans la nuit du 1er au 2 juin. « Même la réserve du camp n’y a pas échappé, raconte Jonas Kaboré, un journaliste local. Ils ont vendu toutes les denrées alimentaires au voisinage. Un vrai marché de nuit ! »

De leur côté, les commerçants excédés ont manifesté devant le camp militaire, avant d’en faire de même devant la mairie centrale qu’ils ont incendiée, bravant les forces de police. Les plus téméraires ont sorti leurs vieux fusils de chasse et ont décidé de passer la nuit dehors pour protéger leurs biens.

Primes de formation

la suite après cette publicité

L’indignation est d’autant plus grande que les militaires de Bobo Dioulasso ont rencontré, le 26 mai, le nouveau chef d’état-major des armées, Honoré Nabéré Traoré. En poste depuis le 15 avril, celui-ci a été nommé après la mutinerie de la garde présidentielle, à Ouagadougou.

Selon les premières informations, les mutins réclameraient des primes de formation, à l’instar de leurs collègues du camp militaire de Pô. « Ce n’est pas la bonne manière de revendiquer, s’indigne Alain Édouard Traoré, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Être dans la surenchère, s’attaquer aux biens d’autrui…il faut que ça s’arrête. »

la suite après cette publicité

« Pourquoi s’arrêter quand il suffit de tirer en l’air pour avoir gain de cause ? » ironise un syndicaliste qui requiert l’anonymat. « Blaise Compaoré est militaire et ses frères d’armes se sentent tout-puissants. Pour les arrêter, il faudra faire preuve de vigueur. » Vigueur que, selon un habitué du palais présidentiel, Blaise Compaoré préfèrerait éviter. Tant il est vrai qu’il serait risqué d’encourager l’armée à se rapprocher de la population, laquelle exprime régulièrement son mécontentement contre la vie chère et la mauvaise gouvernance. Aujourd’hui cependant, il n’est pas sûr que l’emploi de la force soit totalement écarté. « Quand vous êtes au pied du mur, il faut envisager toutes les options », menace Alain Édouard Traoré.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Le président burkinabè Blaise Compaoré est salué par un soldat, le 1er avril. © AFP

Armée burkinabè : les raisons de la colère

Contenus partenaires