Libye : l’ONU accuse Tripoli de crimes contre l’humanité
Une commission d’enquête a accusé Tripoli de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, réservant cette dernière qualification à quelques exactions commises par les rebelles. Parallèlement, le conflit semble s’enliser alors que les défections se multiplient dans le clan Kadhafi et qu’un attentat à la bombe a eu lieu à Benghazi.
Ce n’est pas le Conseil de sécurité – qui a autorisé les frappes aériennes de l’Otan en Libye – qui le dit. C’est une commission d’enquête créée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. « Des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre ont été commis par les forces du gouvernement libyen », ont affirmé les experts des Nations unies, en évoquant « un recours excessif à la force contre les manifestants, au moins dans les premiers jours des manifestations, ayant entraîné un nombre important de morts et de blessées ».
Les violations du droit international identifiées vont de la simple détention arbitraire à la disparition forcée, en passant par les obstacles à l’accès aux soins médicaux et des « attaques graves » contre les journalistes et les médias. Mais la rébellion se trouve elle aussi dans le viseur de la commission, qui déclare avoir « trouvé quelques actes qui constituent des crimes de guerre », en particulier des cas de « torture ainsi que d’autres formes de traitements inhumains et dégradants », commis aussi par le régime.
Entre "10 000 et 15 000 morts"
En se basant sur les estimations de Tripoli, de Benghazi et des ONG présentes en Libye, la commission avance que les combats auraient fait depuis mi-février entre « 10 000 et 15 000 morts ». Les frappes aériennes de l’Otan, ont peut-être permis d’éviter une répression beaucoup plus sanglante des forces de Kadhafi. Mais malgré plus de 9 000 sorties d’avions (dont près de 3 500 avec un objectif de frappe), le conflit semble s’enliser.
La coalition internationale a donc déclaré mercredi vouloir prolonger ses opérations jusqu’en septembre si nécessaire. « La question n’est pas de savoir si Kadhafi va partir, mais quand », a déclaré le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen. Cela « pourrait prendre un certain temps, mais cela pourrait aussi survenir dès demain », a-t-il précisé.
Défections par centaines
Joignant le geste à la parole, l’Otan multiplie les frappes à Tripoli en visant notamment Kadhafi lui-même et sa famille. Six puissantes explosions ont encore été ressenties dans la nuit du 1er au 2 juin, vers 22 h 35 GMT, suivies par plusieurs autres quelques minutes plus tard. Conséquence : les défections au régime du « Guide » ne se comptent par centaines. La dernière en date concerne le ministre du Pétrole, Choukri Ghanem, qui avait quitté la Libye il y a deux semaines. Mercredi, il a déclaré à Rome avoir « quitté son pays » pour rejoindre la rébellion et « combattre pour un État démocratique », selon l’agence italienne Ansa. « J’ai travaillé en Libye pendant de nombreuses années, en pensant pouvoir faire des réformes de l’intérieur. Mais ce n’est pas possible, surtout maintenant que le sang a été versé », a-t-il expliqué M. Ghanem.
Mais Mouammar Kadhafi, plus isolé que jamais, s’accroche et n’hésite pas, comme par le passé, à utiliser des moyens de lutte peu conventionnels. À Benghazi, la « capitale » de la rébellion, un attentat à l’explosif a éventré deux voitures sur le parking d’un grand hôtel hébergeant des diplomates, des journalistes et des responsables de l’opposition. Il n’y a pas eu de victimes. C’est dans cet hôtel que le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini avait déclaré mardi que le régime de M. Kadhafi était « fini », apportant un plein soutien au Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion. (avec AFP)
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