Déclarations de Luc Ferry : deux ONG marocaines décident de porter plainte

Le philosophe et ancien ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry continue de garder secret le nom d’un ex-membre du gouvernement français coupable selon lui d’actes pédophiles commis au Maroc. Deux ONG marocaines ont donc décidé de porter plainte contre X à Marrakech et à Paris pour faire la lumière sur cette affaire.

Luc Ferry, le 29 août 2008 à Palaiseau, près de Paris. © Eric Piermont / AFP / Archives

Luc Ferry, le 29 août 2008 à Palaiseau, près de Paris. © Eric Piermont / AFP / Archives

Publié le 1 juin 2011 Lecture : 3 minutes.

Les déclarations du philosophe Luc Ferry, lors d’une émission lundi dernier sur la chaîne Canal Plus, n’en finissent pas de provoquer des remous. L’ex-ministre français de l’Éducation (2002-2004) a accusé un autre ancien ministre, sans le nommer, d’avoir eu des relations pédophiles au Maroc. Pour apporter l’éclairage de la justice, deux ONG marocaines ont donc décidé mercredi d’engager des poursuites contre X.

« Luc Ferry doit assumer la responsabilité juridique de ses propos accusateurs. Nous allons porter plainte contre X », a affirmé Najia Adib, présidente de l’association « Touche pas à mes enfant », basée au Maroc.

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Sur Canal Plus lundi, Luc Ferry avait fait allusion à « un ancien ministre qui s’est fait poisser [attraper, NDLR] à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons […] Probablement, nous savons tous ici de qui il s’agit », avait-t-il ajouté (voir la vidéo ci-dessous). Des informations qui proviendraient, selon Ferry, « des autorités de l’État au plus haut niveau », notamment un Premier ministre français.

Ouverture d’une enquête

« Il doit nous dire qui sont ces autorités de l’État au plus haut niveau dont il a eu les témoignages car il s’agit de pédophilie. Qui est ce Premier ministre ? » demande la responsable de « Touche pas à mes enfants ». L’avocat de l’association, Me Yassine Krari, précise  : « Luc Ferry a dénoncé un crime qui a été commis au Maroc. La législation française permet d’ouvrir une enquête sur une simple dénonciation de crime commis en dehors de la France. »

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Selon Me Krari, le royaume devrait également ouvrir une enquête pour vérifier les déclarations de Luc Ferry, qui aura, s’il le souhaite, la possibilité de témoigner autant devant la justice de la France que devant celle du Maroc. « Le Maroc n’est pas un pays anarchique. Il y a des loi et il [Luc Ferry] doit nous dire qui est ce pédophile qui a accompli cet acte au Maroc et que de hautes autorités françaises connaissent. »

Par ailleurs, Une deuxième assocation marocaine, dénommée « Touche pas à mon enfant » a également décidé de porter plainte contre X à Marrakech (sud) pour « demander à la justice des éclaircissements sur toute personne ayant osé protéger l’auteur de cette affaire, si crime il y a eu », selon la présidente de l’association, Najat Anwari.

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L’avocat de cette association, Me Mustapha Errachdi a indiqué qu’il déposerait cette plainte vendredi à Marrakech. « Une autre plainte contre X sera également déposée par notre ONG à Paris » par l’intermédiaire d’un avocat parisien Me Jean Chauvet, a-t-il ajouté.

"Le philosophe de la rumeur"

Pour sa défense, l’ancien ministre a expliqué lundi qu’il ne donnait pas le nom de la personne incriminée parce que, a-t-il dit, « si je sors le nom maintenant, c’est moi qui serai mis en examen [inculpé] et à coup sûr condamné, même si je sais que l’histoire est vraie ».

Il est également venu se justifier sur la chaîne LCI ce mercredi, dans une émission qui sera diffusée jeudi, mais dont l’enregistrement est déjà disponible sur le site de la chaîne (voir ci-dessous). « Ce que je disais sur le plateau du Grand Journal [l’émission de Canal Plus, NDLR], c’est que nous avons un certain nombre de choses qui sont crédibles et nous ne pouvons pas les dire car nous n’avons pas de preuves », a-t-il poursuivi, ajoutant que « quand on n’a pas de preuve, on ferme sa gueule ». D’où son refus de divulguer le nom de l’ancien ministre soupçonné, selon lui, de « pédophilie au Maroc ».

Enfin, mercredi, Luc Ferry a été pressé de saisir la justice par plusieurs personnalités politiques françaises. « Soit il est détenteur favorisé d’informations qui s’appuient sur des faits, et dans ce cas il a le devoir de saisir la justice, soit il rapporte des propos qu’il a entendus dans les couloirs et, dans ce cas-là, il n’est plus le philosophe de la rumeur mais il en devient un acteur essentiel », a notamment déclaré le porte-parole du gouvernement français François Baroin. (avec AFP)

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