Égypte : l’armée courtise les jeunes qui ont fait la révolution

Le Conseil suprême des forces armées devait tenir le 1er juin une réunion avec plusieurs représentants des jeunes protagonistes de la révolution égyptienne. Une initiative qui ne fait pas l’unanimité.

Publié le 1 juin 2011 Lecture : 3 minutes.

Lundi, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) d’Égypte publiait un communiqué dans lequel il indiquait sa volonté d’ouvrir un dialogue national avec la jeunesse. Objectif : discuter de différentes problématiques politiques et sociales auxquelles doit faire face le pays. Rendez-vous était donné mercredi, à 20 heures, dans un amphithéâtre de la banlieue huppée d’Héliopolis. La salle ne pouvant contenir plus de 1 000 personnes, le Conseil invitait les différentes associations de jeunes révolutionnaires à envoyer une liste de 10 personnes chargées de les représenter.

Une conférence contestée mais…

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L’initiative est loin de faire l’unanimité. Si le quotidien gouvernemental Al-Ahram parle d’un « engouement important » de la part des associations de jeunes révolutionnaires, ils sont pourtant plusieurs à avoir officiellement déclaré ne pas participer à la conférence.

« Pas moins de 40 associations ne vont pas assister à la conférence et leur nombre croit d’heure en heure », indique Mena Kamal, membre du secrétariat du Front national pour la justice et la démocratie, qui a publié sur Facebook un communiqué avec ses homologues qui rejettent la proposition du CSFA.

Les signataires du communiqué rejettent le jugement des civils par des tribunaux militaires. Il y a aussi les violences exercées par les forces de sécurité de l’armée contre les manifestants. Le communiqué précise également que le Conseil suprême a accordé un délai trop court (48 heures) aux associations qui n’ont pas le temps de se préparer à un tel événement, et qu’il n’a pas précisé les sujets qui devraient être abordés ni la manière dont la conférence allait se dérouler.

« Nous sommes d’accord sur le principe d’organiser un dialogue avec les jeunes de la révolution. Mais le haut conseil n’a pas précisé le nom de ceux qui allaient participer à cette conférence », déclare Mohamed Adel, porte-parole du Mouvement du 6 avril, très actif pendant la révolution du 25 janvier. « Nous ne voulons pas nous retrouver avec des associations du Parti national démocrate [PND], l’ex parti au pouvoir, qui essaye de récupérer la révolution à son avantage », explique Adel pour justifier la décision de son mouvement de boycotter la réunion.

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… qui suscite "l’engouement"

Malgré cela, les inscriptions à la réunion de mercredi soir sont terminées et la salle sera bien remplie, a indiqué le CSFA. Certains mouvements ont décidé qu’il valait mieux se rendre à la conférence pour discuter avec les militaires. C’est le cas de l’Alliance des révolutionnaires égyptiens qui selon le quotidien égyptien Al-Dostor, va soumettre au CSFA une liste de plusieurs demandes. Parmi les plus importantes, la mise en place d’une Assemblée constituante chargée de la rédaction d’une Constitution, qui serait entérinée par le peuple lors d’un référendum, et l’organisation de la présidentielle avant les élections législatives.

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« Les jeunes Frères musulmans font partie de différentes alliances de jeunes révolutionnaires qui ont été invités à cette réunion. Ceux qui veulent participer participent, ceux qui ne veulent pas sont libres également. Nous sommes dans un pays libre et démocratique maintenant. Nous sommes contents d’une telle initiative, il faut que nous prenions en considération l’avis des jeunes, qui sont l’avenir et l’espoir du pays », explique de son côté Essam el-Erian, porte-parole des Frères musulmans.

Dans un nouveau communiqué, le CSFA a fait savoir que plusieurs réunions avec les associations de jeunes seraient organisées la semaine prochaine « en réponse à l’engouement important » suscité par la conférence de mercredi.

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