Libye : ces vétérans occidentaux qui renseignent l’Otan sur le terrain
La coalition internationale a-t-elle envoyé des troupes au sol, en violation de la résolution de l’ONU ? Selon plusieurs sources, les militaires occidentaux qui ont été vus en Libye sont d’anciens commandos britanniques qui travaillent désormais pour des sociétés de sécurité privées. Ces dernières sont elles-mêmes employées comme services de renseignement… par des alliés arabes de l’Otan. Explications.
« Il pourrait falloir déployer, à un certain stade, une petite force pour aider les insurgés. » Ces mots sont du chef du commandement conjoint des opérations de l’Otan à Naples, l’amiral américain Samuel Lockear. Ballon d’essai pour préparer les esprits au déploiement de troupes au sol ? À moins que des soldats de l’Otan ne participent déjà aux combats, au côté des insurgés ?
La résolution 1973 de l’ONU, adoptée le 17 mars dernier par le Conseil de sécurité, ne prévoit pas de déploiement militaire sur le sol libyen. Pourtant, de récentes révélations tendent à contredire la coalition internationale, qui affirme se limiter aux frappes aériennes tout en s’efforçant de ne pas apparaître comme un envahisseur.
Le premier indice troublant a été révélé dimanche par la chaîne qatarie Al-Jazira (voir la vidéo ci-dessous). Celle-ci a diffusé des images de ce qu’elle a présenté comme des militaires étrangers déployés à Dafnia, commune voisine de Misrata, ville aux mains des rebelles à 200 km à l’est de Tripoli. À l’écran, cinq de ces hommes sont en armes, portant parfois lunettes noires et keffiehs. Peut-être Britanniques, selon le journaliste, ils s’écartent lorsqu’ils comprennent qu’ils sont filmés.
Conseillers militaires
Le quotidien britannique The Guardian rapporte que le ministère britannique de la Défense a immédiatement assuré que Londres n’avait pas ordonné de déploiement de militaires sur le sol libyen. Selon les autorités, le seul personnel britannique – 10 conseillers militaires – serait à Benghazi.
Un deuxième élément d’enquête a été révélé mardi soir par le Guardian. Selon les journalistes Richard Norton-Taylor et Chris Stephen, d’anciens militaires des forces spéciales britanniques employés par des sociétés de sécurité privées seraient actuellement à Misrata. Coïncidence ? Pas exactement puisqu’ils auraient pour mission d’aider l’Alliance atlantique, basée à Naples, à récupérer des informations sur les forces pro-Kadhafi. Des sortes d’agents de renseignement privés, donc. Sans plus.
Les responsables britanniques interrogés par le Guardian, qui les présente comme des membres haut placés de l’administration Cameron, affirment que les informations récoltées sont destinées au lieutenant général Charles Bouchard, le commandant en chef des forces de l’Otan en Libye. Ces renseignements sont ensuite vérifiés par des avions espions et des drones américains. Mais au final, qui paie les sociétés de sécurité et relaie leurs informations à la coalition internationale ?
Informations fiables
Les sources du Guardian sont formelles : les vétérans en question ne sont pas payés par des pays de l’Otan même s’ils auraient la bénédiction notamment du Royaume-Uni et de la France. Rien d’étonnant : après l’annonce la semaine dernière de l’envoi d’hélicoptères de combat dans la région de Misrata, ces deux pays seraient désormais fort heureux de pouvoir bénéficier d’informations fiables pour traquer les forces du régime libyen.
Selon le Guardian, les renseignements de l’Otan seraient fournis par ses alliés du Golfe. En avril dernier, rappelle le journal, les pays arabes soutenant l’intervention contre Mouammar Kadhafi avaient été encouragées à investir dans la formation des rebelles libyens. Ces pays, farouchement hostiles à toute intervention terrestre de la coalition internationale, auraient alors cherché du côté des sociétés de sécurité privées. Qui emploient beaucoup d’anciens militaires occidentaux.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...