En Afrique, la lutte contre le sida s’embourbe

Campagnes de prévention, de circoncision, traitements gratuits… L’Afrique livre un combat sans fin contre le virus du sida, avec des résultats mitigés.

Test de détection du sida, le 28 septembre 2009 à Abidjan. © AFP

Test de détection du sida, le 28 septembre 2009 à Abidjan. © AFP

Publié le 30 mai 2011 Lecture : 3 minutes.

L’Afrique abrite à elle seule 70 % des séropositifs mondiaux, trente ans après la découverte du virus du sida. Alors que la lutte contre la pandémie commence à porter ses fruits, avec un recul de la mortalité, le virus traumatise encore le continent. Un tour d’horizon dans cinq pays africains permet de mieux évaluer la situation.

Au Nigeria, le traitement est gratuit, mais une minorité des malades y ont accès, soit 360 000 personnes, soit seulement un tiers des séropositifs éligibles. À Lagos, les centres de soins distribuent des médicaments antirétroviraux (ARV), permettant de vivre avec le virus du sida. Mais le défi à relever est criblé d’obstacles, avec des difficultés d’accès, l’absence de structures de santé dans les zones reculées, des problèmes de stocks, des blocages psychologiques…

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En Ouganda, les progrès spectaculaires que le pays a enregistrés menacent de reculer face à un relâchement des comportements de plus en plus présent. « Avant, on se concentrait sur les jeunes, en allant dans les écoles, en leur parlant, et ça a bien marché », explique Kenneth Mukwaya, bénévole pour le Centre d’information sur le sida. « Mais maintenant, il faut qu’on atteigne les gens les plus âgés et les couples mariés. »

L’Ouganda a réussi à faire chuter le taux de prévalence de 18 % en 1992 à 6,1 % en 2002 grâce à des campagnes de prévention axées sur un message d’abstinence, de fidélité et d’utilisation des préservatifs. Mais le déclin s’est ralenti ces dernières années et le taux de prévalence a même légèrement remonté à 6,5 %. Environ 43 % des nouvelles infections se produisent au sein de couples de longue date. Le message des campagnes de prévention a donc changé. Il souligne les dangers des liaisons extra-maritales, encourage les couples à passer des tests de dépistage ensemble et met l’accent sur les générations plus âgées.

Au Swaziland, le taux de prévalence est le plus élevé du monde avec un adulte sur quatre qui est séropositif. Le gouvernement a trouvé une solution : la circoncision. Grâce à une aide financière américaine, il a lancé une campagne à grand renfort de publicités géantes qui offre aux hommes du royaume de se faire circonscrire gratuitement. En effet, selon plusieurs études, elle divise par deux les risques de contracter le VIH car le prépuce, ôté dans l’opération, est riche en cellules dites de Langerhans, un tissu que le virus pénètre aisément.

Les résultats s’avèrent pourtant décevants. Un centre de soins à Mbabane équipé pour réaliser 80 interventions quotidiennes, ne reçoit qu’une quinzaine d’hommes par jour. « Il faut du temps pour qu’un Swazi accepte les nouveautés, le changement », explique la ministre de la Santé Benedict Xaba. Mais pour elle, il faut continuer car « les hommes doivent être en première ligne de la guerre contre le sida ».

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En Afrique du Sud, le poids des orphelins du sida est un grave problème, selon le ministre de la Santé, Aaron Motsaoeledi. Ils représentent 90 % des 16,6 millions présents dans le monde. Certains sont pris en charge dans des foyers, d’autres par des grands-mères dépassées ou de la famille éloignée, beaucoup se retrouvent seuls. Ils survivent grâce à une petite pension versée par l’État, mais leurs conditions de vie restent difficiles, tant pour se concentrer sur leurs études que pour construire une vie équilibrée.

En République Démocratique du Congo (RDC), le viol est devenu l’un des plus grands vecteurs de transmission de la maladie. Selon une étude publiée aux États-Unis, plus de 1 100 femmes y sont violées chaque jour. Le phénomène est particulièrement dramatique dans l’est du pays, où les violences sexuelles servent d’armes de guerre. « 20 à 30 % des personnes violées héritent du virus du sida », souligne Casimir Manzengo, chargé des questions liées au sida pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Kinshasa.

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Lorsqu’elles vont se faire soigner dans les hôpitaux, les femmes victimes de violences sexuelles veulent savoir si leur violeur leur a transmis le sida. « Qu’elles aient été violées à la limite elles s’en fichent, confie Nene Rukunghu, médecin dans cet établissement. C’est déjà très difficile de réintégrer dans la société des femmes victimes de violences sexuelles, alors celles qui sont en plus atteintes du sida c’est une catastrophe. » Selon elle, « les femmes victimes de violences sexuelles et atteintes du sida ne trouvent leur place nulle part, dans la famille, la communauté et la société ». (avec AFP)

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