Côte d’Ivoire : le sacre de Yamoussoukro

L’investiture d’Alassane Dramane Ouattara a rassemblé tout ce que la Côte d’Ivoire compte de personnalités, ainsi que de nombreux chefs d’État étrangers. Le président ivoirien, dans son adresse au peuple, a appelé à la réconciliation.

ADO lors de sa cérémonie d’investiture, le 21 mai. © Reuters

ADO lors de sa cérémonie d’investiture, le 21 mai. © Reuters

Publié le 22 mai 2011 Lecture : 4 minutes.

« Personne ne veut se laisser conter l’histoire ». Kanaté Diakité, une des directrices de campagne d’Alassane Ouattara à Abidjan, est arrivée dans les premières à l’investiture du nouveau président ivoirien, le 21 mai à Yamoussoukro. Mais elle n’était pas la seule. Environ 4 000 personnes se sont amassées dans l’amphithéâtre de la fondation Houphouët-Boigny, une salle qui ne peut en contenir que moitié moins. Si bien qu’il a fallu de multiples aménagements pour accueillir les délégations des 19 présidents africains et les ambassadeurs arrivés au dernier moment d’Abidjan. Les présidents d’institutions, le gouvernement, les préfets, les chefs traditionnels étaient déjà sur place. Pour l’occasion, les commandants de zone des Forces nouvelles étaient vêtus de nouveaux uniformes bleus de grand apparat.

Standing ovation

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Prévue pour 10h30, la cérémonie a finalement débuté avec 1h15 de retard. Le président français, Nicolas Sarkozy, et son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, ont reçu une standing ovation à leur arrivée. La salle a scandé « Sarko, Sarko » puis « Juppé, Juppé ». À l’applaudimètre, le Burkinabè Blaise Compaoré, le Nigérian Goodluck Jonathan et le Sénégalais Abdoulaye Wade ont été les plus chaleureusement accueillis. Tout comme Choi Young-jin, le représentant en Côte d’Ivoire de Ban Ki-moon, également présent à la cérémonie.

Celle-ci a débuté par une séance de libations animée par les chefs coutumiers, avant que ne soit projeté un documentaire sur la vie, l’œuvre et le destin d’Alassane Dramane Ouattara (ADO). Des images montrant son parcours de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à la primature de Côte d’Ivoire en passant par son passage au Fonds monétaire international (FMI). S’en est suivie la remise du collier de Grand Maître de l’Ordre national par Henriette Dagri-Diabaté, combattante de la première heure et fidèle d’entre les fidèles d’ADO, récemment nommée Grande chancelière. Une séquence où l’émotion était palpable autant sur le visage de la secrétaire générale du Rassemblement des Républicains (RDR), parti de Ouattara désormais au pouvoir, que du nouveau président.

 La cérémonie d’investiture en images :

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Puis, le chef de l’État a fait son adresse à la nation après avoir demandé une minute de silence en mémoire des morts – environ 3 000 – tombés lors de la crise postélectorale. ADO a longuement remercié ses plus fidèles soutiens dans son combat pour faire plier le vaincu du scrutin, Laurent Gbagbo. Il a ensuite rendu au hommage au père de l’indépendance, Félix Houphouët-Boigny, avant d’appeler ses compatriotes à se réconcilier et à se rassembler. « Ce vaste chantier sera l’occasion pour tous les Ivoiriens de faire définitivement le deuil  de nos rancœurs, de panser nos plaies, d’expier les fautes individuelles et collectives et d’écrire une nouvelle page de notre histoire, a-t-il déclaré. De cette catharsis nationale doit émerger un Ivoirien nouveau, résolument engagé à servir le pays avec amour et désintéressement ». 

Le chef de l’État a promis de redonner espoir à la jeunesse, de favoriser la formation et de créer des emplois. Il s’est aussi engagé à donner la priorité aux femmes, à réorganiser les principales filières agricoles pour permettre une juste rémunération du travail des paysans, à développer l’accès aux soins de base et à renforcer les infrastructures. Un gouvernement au complet – on parle de 30 à 35 ministres – sera mis en place prochainement. 

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Modèle de démocrate africain

Le président Sarkozy s’est éclipsé juste avant la fin de la cérémonie pour honorer son rendez-vous avec la communauté française sur la base militaire de Port-Bouët, à Abidjan. Devant elle, il a salué « l’avènement d’une Côte d’Ivoire nouvelle ». Selon lui, Ouattara est un parfait modèle de ces démocrates africains que la France entend désormais soutenir. Dans le domaine militaire, le chef de l’État a assuré que l’armée française resterait pour assurer la sécurité de ses ressortissants mais qu’elle n’était pas là pour maintenir un gouvernement ami. Les effectifs de la force Licorne devraient être réduits de 1 000 à 300 personnes.

« Ouattara doit faire attention s’il ne veut pas devenir un sous-préfet de la France », s’emporte un journaliste ivoirien. Mais ADO a toujours prévenu durant sa campagne que « la Côte d’Ivoire n’ était l’ennemi de personne ». Dans la reconstruction, il compte visiblement sur les entreprises françaises. Trois poids lourds de l’économie tricolore étaient présents à son investiture : Martin Bouygues, Vincent Bolloré et Alexandre Vilgrain.

Après la cérémonie, plusieurs présidents l’ont suivi à la table d’honneur pour un déjeuner à l’hôtel Président. Au menu :  des asperges en entrée, une viande blanche accompagnée de crêpes d’igname et des pâtisseries en dessert. Le tout arrosé de vins et de champagnes français. En fin de journée, les convives ont assisté à une messe œcuménique à la basilique Notre-Dame de-la-Paix de Yamoussoukro.

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Par Pascal Airault, envoyé spécial à Yamoussoukro

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