Sénégal : Bara Tall relaxé, et après ?
Accusé de corruption, le directeur général de l’entreprise Jean Lefèvre Sénégal a été totalement relaxé après quatre années de procédure. Le parquet peut encore faire appel, mais Bara Tall pourrait demander plusieurs dizaines de milliards de F CFA pour le préjudice subi.
Cela fait quatre ans qu’il piaffait. L’homme d’affaires sénégalais Bara Tall, directeur général de l’entreprise Jean Lefèvre Sénégal, un fleuron des BTP, et ses trois co-accusés, ont été relaxés le 20 mai par le tribunal correctionnel de Dakar. Accusé d’avoir surfacturé des travaux engagés dans la ville de Thiès (« détournement de deniers publics, faux et usage de faux »), pour un montant de 11,5 milliards de F CFA, Bara Tall avait passé plusieurs mois en prison en 2007 mais avait toujours clamé son innocence, dénonçant un complot politique ourdi par l’État (c’est à dire par Abdoulaye Wade) avec pour seul but d’atteindre Idrissa Seck, alors maire de la ville et adversaire d’Abdoulaye Wade (Lire ici un article de 2005 : Wade-Seck, règlements de compte).
« Nous sommes bien sûr satisfaits de cette décision. M. Tall retrouve enfin son honneur et son intégrité », commente l’un de ses avocats, Simon Ndiaye. L’affaire est-elle pour autant terminée ? Pas tout à fait. Le parquet peut encore faire appel de sa décision.
« Ce serait une erreur, poursuit l’avocat, cette affaire a tellement mobilisé de monde, politique et aussi judiciaire, que cela apparaîtra comme, une fois de plus, de l’acharnement politique. Déjà nous avons senti très gêné la partie civile lors de sa plaidoirie, face aux incohérences du dossier. »
Négociation transactionnelle ?
Trois cas de figure se présentent désormais à Bara Tall. Le parquet fait appel, et la procédure reprend ; il ne fait pas appel, et l’État se montre ouvert à une négociation transactionnelle, autrement dit, se dit prêt à dédommager l’homme d’affaires pour le préjudice subi ; l’État ne fait pas appel, mais donne une fin de non-recevoir aux demandes d’indemnisation.
Dans ce dernier cas, Bara Tall pourrait attaquer l’État pour réclamer justice. « Exclusion des marchés, perte de parts de marché, préjudice moral, salariés licenciés, biens vendus pour payer les banques, détérioration du matériel… Le préjudice pourrait atteindre plusieurs dizaines de milliards de F CFA ! », s’exclame Simon Ndiaye. Un manque à gagner auquel s’ajoutent les 3 milliards d’impayés, que l’État a déjà été condamné à payer.
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