Dominique Strauss-Kahn démissionne du FMI et clame son innocence

Juste avant de demander à nouveau sa libération sous caution, alors qu’il risque d’être formellement inculpé d’agression sexuelle, Dominique Strauss-Kahn préfère renoncer à son mandat de directeur général du FMI. Non sans publier une lettre dans laquelle il réfute toutes les accusations qui pèsent contre lui.

Benjamin Brafman et Dominique Strauss-Kahn le 16 mai 2011 au tribunal à New York. © AFP

Benjamin Brafman et Dominique Strauss-Kahn le 16 mai 2011 au tribunal à New York. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 19 mai 2011 Lecture : 3 minutes.

DSK est sonné. Mais il contre-attaque, selon une méthode déjà éprouvée avec succès pendant sa carrière politique : quitter ses fonctions et clamer son innocence. « Dominique Strauss-Kahn a informé aujourd’hui le conseil d’administration du Fonds monétaire international [FMI] de son intention de démissionner de son poste de directeur général avec effet immédiat », a indiqué l’institution dans un communiqué publié peu après minuit (4 heures GMT).

Dans une lettre publiée par le FMI, DSK nie également toute culpabilité. « À tous, je veux dire que je réfute avec la plus extrême fermeté tout ce qui m’est reproché », écrit-il depuis sa prison de Rikers Island, à New York, où il a été placé en détention provisoire lundi.

la suite après cette publicité

La première déclaration publique de DSK, depuis qu’a éclaté samedi son affaire d’agression sexuelle présumée, vise à préparer sa prochaine audience jeudi devant le tribunal pénal de Centre Street, dans le sud de Manhattan. Audience au cours de laquelle, il doit redemander la libération sous caution qui lui a été refusée lundi.

L’atout Anne Sinclair

Les avocats de DSK proposent le versement d’une caution d’un million de dollars et prouvent ses moyens financiers en avançant le prix de la maison qu’il habitait à Washington : 4 millions de dollars. La requête officielle joint un titre de propriété au nom d’Anne Sinclair, l’épouse de l’ex-patron du FMI, et mentionne que « le couple a acheté la maison en 2007 ». La défense de DSK insiste également sur les liens étroits entre Anne Sinclair et les États-Unis, en rappelant qu’elle est née à New York, qu’elle y a été lycéenne et qu’elle « prépare en ce moment un livre portant sur la vie politique américaine ».

DSK s’engage à demeurer 24 heures sur 24 et avec une « surveillance électronique » dans une résidence de Manhattan qui n’a pas été précisée, mais il est probable qu’il s’agisse de celle de sa fille. Enfin, il dit « renoncer volontairement à toute procédure d’extradition de toutes sortes ». Son passeport français a déjà été remis à la justice américaine et il s’engage à remettre aussi son document de voyage de l’ONU.

la suite après cette publicité

DSK doit par ailleurs savoir vendredi si la chambre d’accusation, qui s’est réunie cette semaine à huis clos et a entendu mercredi le témoignage de la victime présumée, a décidé de l’inculper ou de lui faire bénéficier d’un non-lieu. La femme de chambre de l’hôtel Sofitel de Manhattan, une Guinéenne de 32 ans mère d’une fille de 15 ans, qui accuse DSK d’agression sexuelle a témoigné mercredi devant la chambre d’accusation, le Grand jury, qui compte entre 16 et 23 jurés populaires.

Consentement et théorie du complot

la suite après cette publicité

Si DSK est formellement inculpé, et qu’il choisit de plaider non coupable – comme ses avocats l’ont clairement dit jusqu’à présent – la bataille risque d’être longue. À la télévision, l’avocat de la plaignante, Jeff Shapiro, a cherché à démonter à l’avance la théorie d’une relation sexuelle consentie entre M. Strauss-Kahn et son accusatrice, qui pourrait être avancée par la défense. « Quand les jurés vont entendre son témoignage et la voir, quand elle pourra enfin raconter son histoire publiquement », ils vont se rendre compte « qu’il n’y a rien de consenti dans ce qui s’est passé dans cette chambre d’hôtel », a-t-il assuré sur NBC. Mais lundi, devant la cour, l’avocat de DSK, Benjamin Brafman, avait déclaré : « les preuves médico-légales, selon nous, ne coïncident pas avec un rapport forcé », contrairement à ce qu’avançait le procureur.

L’avocat de l’accusatrice a en outre assuré que sa cliente n’était motivée que par le désir de justice. « Elle est prête à faire tout ce qu’on lui demandera de faire et à coopérer avec la police ou le ministère public », a dit Me Shapiro sur NBC. « Elle n’a aucune idée derrière la tête. Elle fait ça parce qu’elle pense qu’il faut le faire et elle va le faire », a-t-il ajouté, en rejetant, tout comme le frère de l’accusatrice, toute « théorie du complot ».

Mais pour une majorité des Français (57 %), DSK est « victime d’un complot », selon un sondage CSA. S’il devait être condamné pour l’ensemble des chefs d’accusation dont il fait l’objet, M. Strauss-Kahn risquerait jusqu’à 74 ans de prison. En attendant, il passait une troisième nuit en prison, vêtu d’une combinaison carcérale grise d’une pièce, sans ceinture ni bouton, et portant des chaussures sans lacet. La nuit, les gardiens doivent vérifier qu’il respire. Pour cela, ils peuvent être amenés à le réveiller, a dit à l’AFP Norman Seabrook, président d’un syndicat de gardiens de prison. (avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

La femme de chambre était employée du Sofitel de Manhattan, à New York. © AFP

Affaire DSK : l’impossible portrait-robot d’une victime présumée

Dominique Strauss-Kahn (C), le 15 mai 2011, à sa sortie du commissariat de New York. © AFP

FMI : Dominique Strauss-Kahn reste en détention

Domminique Strauss-Kahn, le 4 avril 2011 à Washington. © Mandel Ngan / AFP / Archives

FMI : inculpé d’agression sexuelle, DSK va plaider non coupable

Contenus partenaires