À quoi doit ressembler la ville africaine idéale de demain ?

Jean-Pierre Elong-Mbassi est secrétaire général de Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA).

Jean-Pierre Elong-Mbassi est secrétaire général de Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA). DR

Jean-Pierre Elong-Mbassi est secrétaire général de Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA). DR

Publié le 29 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

À quoi doit ressembler la ville africaine idéale de demain ? Répondre à cette question revient à définir ce que peut être la société africaine idéale et il est peu probable qu’il soit possible de le faire vraiment. Mais si j’osais avancer une réponse, je dirais que c’est une ville que ses habitants aiment et dont ils sont fiers. Une ville avec quelque chose de spécifique qui fait qu’on s’attache à elle, et qui contribue à la construction de l’identité de ses habitants.

Pour aller un peu plus loin, on imagine qu’une telle ville est d’abord sûre, au sens où l’on y jouit de la paix, où la sécurité des personnes et des biens est assurée, et où les droits de chacun sont respectés, ceux des hommes comme ceux des femmes, des riches comme des pauvres, des valides comme des handicapés.

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Cette ville africaine idéale est également industrieuse. Elle met en valeur le potentiel productif de son arrière-pays, offre de nombreuses opportunités de transformation des produits locaux et répond aux besoins des populations grâce à son environnement favorable au développement d’un entrepreneuriat local dynamique.

C’est une ville qui assure l’accès aux services de base pour tous et s’efforce d’atténuer la séparation entre centre-ville ordonné et zones périphériques, quartiers riches bien équipés et quartiers pauvres à l’abandon, ville légale et ville informelle. C’est aussi une ville qui se soucie du développement durable et des générations futures, attentive à ne pas gaspiller les ressources naturelles et à ne pas développer des activités polluantes pour l’environnement.

C’est une ville bien gouvernée. La démocratie locale représentative y est promue à travers des élections locales libres et transparentes, organisées régulièrement selon un calendrier connu d’avance. La démocratie participative aussi, grâce à des mécanismes permettant aux forces vives locales de donner leur opinion et de prendre part aux délibérations concernant la gestion de la collectivité, tout au long du mandat des autorités élues. Enfin, c’est une ville où il fait bon vivre, dotée d’espaces et d’équipements sportifs, socioculturels et de loisirs en nombre suffisant.

Toutes ces caractéristiques pourraient s’appliquer à n’importe quelle ville idéale sur la planète. Car à travers le monde, nous sommes tous mus par les mêmes valeurs : démocratie, dignité, respect de l’identité ; par le désir d’améliorer notre vie quotidienne, ainsi que par le sens du partage.

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Quartiers riches d’un côté, ghettos de l’autre… Quelle est la place de la solidarité dans les métropoles africaines ?

On considère souvent l’Afrique, avec sa légendaire résilience et l’attachement de la plupart de ses habitants à un modèle de famille élargie, comme le continent de la solidarité par excellence. Mais cette solidarité a du mal à s’exprimer de façon tangible, au-delà des appartenances communautaires, dans la ville africaine d’aujourd’hui. Celle-ci offre le spectacle d’un lieu où les gated communities pour riches côtoient des ghettos pour pauvres, sans que ces deux mondes ne se sentent réellement une communauté de destin. Une dynamique de dissolution de la solidarité y est au contraire à l’œuvre.

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La distance qui sépare cette réalité de l’idéal montre le chemin qui reste à parcourir et l’ampleur des efforts à fournir pour que la ville africaine soit aimée par ses habitants et fasse leur fierté. La bonne santé macroéconomique persistante du continent et les taux de croissance économique élevés dont il bénéficie depuis une dizaine d’années lui donnent une chance unique de commencer à réduire cette distance.

Un voyage de 5 000 km commence par le premier pas dans la bonne direction », disait Mao. Il incombe aux décideurs nationaux et locaux du continent de faire ce premier pas dans la bonne direction dès maintenant, avant que la fenêtre d’opportunité ne se referme – en cas d’évolution économique défavorable. Le modèle d’une ville africaine idéale devrait avoir pour eux valeur de programme.

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Propos recueillis par Hugues Demeude

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