CPI – Libye : Moreno-Ocampo demande trois mandats d’arrêt lundi
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo va demander lundi que des mandats d’arrêt soient délivrés contre trois responsables présumés des crimes contre l’humanité commis en Libye. Le nom de Kadhafi – le « Guide » ou un de ses fils – est sur toutes les lèvres.
Coutumier des effets de manche médiatiques, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo sait ménager le suspense. Vendredi, son bureau a annoncé dans un communiqué qu’il demanderait lundi 16 mai à la chambre préliminaire de la CPI de délivrer des mandats d’arrêts contre « trois individus qui semblent porter la plus grande responsabilité pour des crimes contre l’humanité commis sur le territoire de la Libye depuis le 15 février ».
Bien évidemment, Moreno-Ocampo se garde de donner les noms des trois responsables libyens dont il est permis de penser qu’au moins l’un d’entre eux (si ce n’est les trois) porte le nom de Kadhafi. Saisi le 26 février par le Conseil de sécurité des Nations unies, le procureur avait annoncé le 3 mars l’ouverture d’une enquête pour crimes contre l’humanité, visant huit personnes au total dont le colonel Mouammar Kadhafi et trois de ses fils.
Meurtre et persécution
« Au vu des preuves collectées, le procureur a conclu qu’il y a assez de preuves pour présenter une demande de mandats d’arrêt pour la commission de deux catégories de crimes contre l’humanité : le meurtre et la persécution », précise le communiqué. Le bureau du procureur indique avoir mené pas moins de trente missions dans 11 pays, examiné plus de 1 200 documents, dont des vidéos et des photographies, et réalisé plus de 50 entretiens, dont certains avec des témoins oculaires.
« Nous avons mené l’enquête hors de la Libye : nous ne voulions pas y aller parce que nous ne voulions pas mettre des témoins en danger », explique Florence Olara, une porte-parole du bureau du procureur. Qui précise dans son communiqué que « les preuves montrent que les forces de sécurité libyennes ont conduit des attaques systématiques et à grande échelle contre la population civile ».
Les violences depuis le début de la révolte mi-février ont fait des milliers de morts, selon le procureur de la CPI, et poussé près de 750 000 personnes à fuir, selon l’ONU. Mais les auteurs de crimes ne se rangent pas que du côté des pro-Kadhafi. Le bureau du procureur affirme qu’il existe des informations pertinentes sur des crimes de guerre présumés (qui feront l’objet d’une autre enquête), dont des viols et attaques contre des ressortissants d’Afrique sub-saharienne pris à tort pour des mercenaires des forces loyalistes. (avec AFP)
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