Afrique du Sud : la « Toilet saga » éclabousse l’ANC
À l’approche des élections locales, la bataille politique entre l’ANC et ses rivaux s’est cristallisée autour d’un objet peu commun : des toilettes sans cabines installées sur la voie publique.
Des toilettes ouvertes aux quatre vents. Ce genre d’installations indécentes ont été découvertes la semaine dernière dans des townships de la province de Free State (centre-est de l’Afrique du Sud), et sont depuis au centre de tous les débats politiques à l’occasion du sprint final des élections locales du 18 mai.
La découverte n’est pourtant que le nouveau chapitre d’une véritable « Toilet saga » dont les révélations ont fait la une des quotidiens sud-africains pendant des mois… Mais elle change tout. Car l’affaire, qui avait d’abord desservi la Democratic Alliance (DA), principal parti d’opposition, vient désormais éclabousser l’ANC à quelques jours du scrutin. Explications.
Tout commence en janvier dernier, quand des habitants de Makhaza (commune de la ville du Cap, dirigée par la DA) saisissent la Commission sud-africaine des droits de l’homme tandis que des membres de l’Ancyl, la Ligue de jeunesse de l’ANC dirigée par le bouillant Julius Malema, saisissent la justice. Motif : une cinquantaine de toilettes, construites par la mairie, restent à l’air libre, sans mur ni toit.
Dessin humoristique de Zapiro, représentant Helen Zille et Jacob Zuma.
Malema promet de "faire tomber des têtes"
La DA a beau se défendre en expliquant que la mairie ne s’était engagée qu’à livrer 1 200 toilettes, à charge pour les associations d’habitants d’en réaliser les murs, la justice donne raison, à la fin d’avril, aux jeunes de l’ANC. Lesquels ne manquent jamais une bonne occasion de traiter de « raciste » la chef (blanche) de la DA, Helen Zille…
Retour de manivelle une dizaine de jours avant le scrutin. Au début du mois de mai, il apparaît que des municipalités gérées par l’ANC, notamment Moqhaka, ont connu exactement le même problème. Cohérent dans sa véhémence, Malema se rend sur place et affirme que « des têtes vont tomber ». Or l’une d’elles pourrait être celle de Mantebu Mokgosi, maire d’une des communes incriminées et propriétaire d’une entreprise ayant décroché des contrats sur les chantiers en question…
Bref, soupçons de népotisme et difficultés de l’ANC à fournir les services de base aux plus pauvres, la « Toilet saga » résume les principales critiques faites à Jacob Zuma jusque dans son propre camp. Pour le président sud-africain, qui s’apprête à passer son premier grand test électoral après deux ans de pouvoir, l’affaire tombe mal.
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Pierre Boisselet, envoyé spécial à Johannesbourg.
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