RDC : les avocats des parties civiles quittent les audiences du procès Chebeya

Pour protester contre une proposition de la cour de requalifier le chef d’assassinat pesant sur les suspects au procès Chebeya en homicide involontaire, les avocats des parties civiles ont quitté les audiences.

Floribert Chebeya, à Paris en 2009. © AFP

Floribert Chebeya, à Paris en 2009. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 12 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

Coup de théâtre au procès Floribert Chebeya, cet infatigable défenseur des droits de l’homme retrouvé mort le 2 juin 2010, les mains liées au dos dans sa voiture, en banlieue de Kinshasa. Les avocats des parties civiles ont quitté le tribunal pour dénoncer la proposition de la cour de requalifier le chef d’inculpation, pesant sur les huit policiers suspects, d’assassinat en homicide involontaire.

« Nous avons pris la décision de nous retirer pour ne pas cautionner une décision défavorable d’avance à nos clients », a déclaré à la presse Me Jean-Joseph Mukendi. Me Mukendi est le coordonnateur du collectif d’une trentaine d’avocats qui représentent la famille de Chebeya (veuves, enfants et parents), l’ONG la Voix des sans-voix (VSV) dont il était le directeur exécutif, mais aussi son chauffeur Fidèle Bazana, qui est toujours porté disparu.

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Échapper à la peine de mort

Explication : le premier président de la cour venait de demander aux avocats des parties civiles et des prévenus ainsi qu’au ministère public, d’intégrer dans leurs interventions des observations sur la requalification d’assassinat de Chebeya en homicide involontaire et celui de Bazana en meurtre.

L’objectif de la manœuvre est clair. Le 14 avril, le ministère public avait requis la peine de mort – qui n’est plus appliquée en RDC et commuée à la prison à vie – contre cinq prévenus : le colonel Daniel Mukalay, chef adjoint des services spéciaux, le lieutenant Michel Mwila, les lieutenants-colonels Christian Ngoy, Paul Milambwe et l’adjudant Jacques Mugabo – ces trois derniers étant en fuite. En requalifiant « l’assassinat » de Chebeya en « homicide involontaire » et celui de Bazana en « meurtre », les suspects n’encourent plus que 20 ans de prison, selon Me Bokata Ikundaka, l’avocat du colonel Daniel Mukalay.

Crainte d’une parodie de justice

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Floribert Chebeya, 47 ans, avait été retrouvé mort, torturé, au lendemain d’un rendez-vous – qui n’a pas eu lieu – avec le chef de la police le général John Numbi, suspendu depuis de ses fonctions. Fortement soupçonné d’être le commanditaire du crime, ce dernier avait été auditionné par les enquêteurs mais n’avait pas été inquiété. Ce qui avait amené l’ONG Avocats sans frontières/France, début février, à redouter que le procès ne se transforme en une parodie de justice. (avec AFP)

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