Des Marocaines veulent inscrire l’égalité homme-femme dans la Constitution

Les Marocaines veulent faire entendre leurs voix dans le concert de contestations du printemps arabe. Des associations féministes ont demandé que l’égalité homme-femme soit inscrite dans la Constitution, dans le cadre des réformes institutionnelles annoncées par Mohammed VI.

Les féministes marocaines veulent l’inscription de l’égalité homme/femme dans la Constitution. © AFP

Les féministes marocaines veulent l’inscription de l’égalité homme/femme dans la Constitution. © AFP

Publié le 12 mai 2011 Lecture : 3 minutes.

Les associations de femmes marocaines voient le vent réformiste qui souffle sur le Maroc comme une occasion inespérée de changer leur condition. Et elles n’hésitent pas à réclamer l’inscription de l’égalité homme-femme dans la Constitution, qui doit être révisée comme l’a demandé le roi Mohammed VI. « La démocratie implique l’égalité entre tous les citoyens, donc sans égalité entre les sexes, il n’y a pas de démocratie », déclare Tahani Madmad, une étudiante de 20 ans qui milite dans le Mouvement du 20 février, initiateur des revendications démocratiques au Maroc.

« L’égalité homme-femme est très présente dans les revendications du 20 février », rappelle Madmad en militante avertie de ce mouvement qui a appelé non sans succès à des réformes politiques et sociales profondes, et notamment à une limitation des pouvoirs du roi.

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Le contexte bouillonnant du printemps arabe aidant, le souverain marocain a pris la mesure de ce mouvement de contestation et annoncé le 9 mars des réformes constitutionnelles visant notamment à renforcer le rôle du Premier ministre. Dans son discours, Mohammed VI avait même appelé à encourager « l’égal accès des hommes et des femmes aux fonctions électives ».

La parole royale n’a pas échappé aux féministes marocaines. La militante Amina Tafnout prévient : « Il ne faut pas rater ce moment historique où la Constitution va être modifiée. »

"Printemps féministe pour l’égalité et la démocratie"

Une semaine après le discours royal, une vingtaine d’associations se regroupaient pour créer la « coalition : Printemps féministe pour l’égalité et la démocratie ». Les Marocaines qui en font partie ont rédigé un mémorandum commun dans lequel elles demandent d’inscrire l’égalité homme-femme dans la Constitution et exigent la primauté des conventions internationales sur les règles nationales.

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« La Constitution, c’est la loi suprême, la source de toutes les autres lois et donc si l’égalité y est inscrite, ça ouvre la voie pour l’égalité dans les droits économiques, sociaux, civils, culturels. . . » , explique Fouzia Assouli, de la Ligue démocratique pour les droits des femmes (LDDF).

Même si un nouveau Code de la famille – la Moudawana – est entré en vigueur en 2004 avec certaines avancées, celui-ci a connu une application mitigée. Et Assouli déplore le statut de « citoyens de second ordre » réservé aux femmes marocaines. Entre autres exemples : l’accès inéquitable à l’emploi, à la propriété et la polygamie, qui n’est pas abrogée.

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Amina Tafnout, qui s’était battue avec les autres militantes pour ce nouveau Code la famille, admet : « La réforme de la Moudawana, c’était une première étape. » Mais elle regrette l’énorme « marge d’interprétation » dont disposent les juges dans les questions de droit de la famille. « Pour les femmes, la procédure pour divorcer est plus compliquée », rappelle-t-elle. « C’est toujours le père qui est le tuteur, même s’il quitte les enfants. Par exemple, la mère ne peut pas voyager seule à l’étranger avec ses enfants sans l’accord du père. »

Amina Lemrini, fondatrice de l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) en 1985, n’admet pas que « les filles héritent de la moitié de la part de leurs frères ». Autre motif d’indignation de Lemrini : « Les poursuites pénales à l’encontre d’un violeur cessent automatiquement s’il accepte d’épouser sa victime mineure et nubile. 

Optimistes

Armées de tous ces arguments, les représentantes d’associations féministes ont été entendues le 11 avril par la Commission chargée de la réforme de la Constitution, formée par le roi au lendemain du discours du 9 mars et présidée par le juriste Abdeltif Menouni.

« La commission était très à l’écoute, nous avons pu bien parler. Ça a été très positif à mes yeux », s’est réjouie Rhizlaine Benachir, présidente de l’association Jossour forum des femmes marocaines.

De bonnes raisons d’y croire, donc, pour ces militantes qui devraient être fixées en juin. Amina Lemrini reste positive : « Quand on se bat au quotidien, il faut être optimiste. » (avec AFP)

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