Attentat de Marrakech : le principal suspect raconte

L’auteur présumé de l’attentat de Marrakech a raconté lors d’une reconstitution ses faits et gestes de la journée du 28 avril où 17 personnes sont mortes dans l’explosion du café Argana. Récit d’un poseur de bombe.

Le principal suspect dans l’attentat de Marrakech, le 11 mai 2011. © AFP

Le principal suspect dans l’attentat de Marrakech, le 11 mai 2011. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 12 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

« Ne me demandez pas pourquoi j’ai fait ça, mais plutôt comment je l’ai fait. » Hier, pendant la reconstitution de l’attentat du café Argana, sur la place Jemaa el-Fna de Marrakech, l’auteur présumé raconte par le détail son acte qu’il dit avoir accompli par « conviction ». Adil El-Atmani est un Marocain de 25 ans, décrit par la police comme un « admirateur » d’Al-Qaïda. Ses voisins le présentent plutôt comme un jeune homme pieux, mais querelleur.

Sous les insultes de la foule et sous la protection d’un imposant service de sécurité, le jeune homme raconte. En ce matin du 28 avril, il arrive à Marrakech à 6 heures du matin par train, en provenance de Safi, 350 km au sud de Casablanca, où il travaille dans un commerce de chaussures. Il est vêtu d’un maillot blanc, planqué sous une perruque, un chapeau bleu et des lunettes de soleil. Outre son gros sac à dos noir, il s’est également équipé d’une guitare pour mieux passer inaperçu.

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"Pas assez d’étrangers"

Sa cible : les Occidentaux. Pendant la reconstitution, il emmène d’abord les enquêteurs au Café de France. Mais, dit-il, le jour de l’attentat, « il n’y avait pas assez d’étrangers ». Il se dirige alors vers le café Argana. La terrasse de l’établissement est pleine de touristes. Il décide de passer à l’action.

Une fois dans le café Argana, il commande un jus d’orange – comme l’avait raconté des survivants du drame. Il le boit, puis demande au serveur s’il peut laisser son sac à dos « le temps d’aller chercher sa copine ». Il sort du café, marche 300 mètres, et déclenche les deux bombes placées dans son sac peu avant midi, à l’aide d’un téléphone portable. Il y aura 17 morts, dont huit Français et six autres touristes.


Les forces spéciales marocaines lors la reconstitution de l’attentat, le 11 mai 2011 à Marrakech.
© AFP

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Le portable, indice clé

Après l’explosion, El-Atmani s’est rendu à la gare routière de Bab Doukkala pour prendre un autocar et rentrer chez lui. Selon une source policière, il se débarrasse de sa perruque dans un petit jardin près de la gare routière. Il ne se doute pas que le téléphone portable découvert dans le café Argana après l’explosion va permettre, selon une source au sein des services de sécurité, de remonter jusqu’à lui. Et deux de ses complices présumés.

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El-Atmani est arrêté en début de semaine dernière avec deux autres suspects marocains, Hakim Dah, 41 ans, et Abdessamed Bitar, 28 ans, habitant Safi également. Selon une source policière, les trois hommes auraient confectionné les bombes et seraient des admirateurs d’Al-Qaïda. Mais la section de l’organisation terroriste au Maghreb (Aqmi) a nié toute implication dans l’attentat.

Par ailleurs, trois autres personnes ont été arrêtées mardi mais elles n’auraient pas pris part à l’exécution du projet d’El-Atmani et auraient avoué en avoir seulement eu connaissance, selon un responsable de la sécurité. (avec AFP)

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