Libye : les rebelles s’emparent de l’aéroport de Misrata
De violents combats ont permis aux rebelles d’encercler les forces loyalistes dans l’aéroport de Misrata, avant d’en prendre le contrôle. Un succès décisif, alors que la ville est assiégée par les pro-Kadhafi depuis plus de deux mois. Pour la première fois depuis fin avril, des images du colonel Mouammar Kadhafi ont été diffusées par la télévision d’État.
Assiégés dans leur fief de Misrata, les rebelles ont repris l’avantage sur les pro-Kaddafi. © Mohammed Salem / Reuters
Mis à jour le 12 mai à 09h30.
Les rebelles ont pris un grand avantage à Misrata, troisième ville de la Libye, en prenant mercredi 11 mai le contrôle de l’aéroport. Les forces loyales à Mouammar Kadhafi avaient d’abord été encerclées après avoir été chassées des secteurs nord, est et ouest du site, ce qui ne leur laissait que le sud comme échappatoire.
Les forces rebelles, qui affirment avoir capturé un mercenaire mauritanien se battant pour les pro-Kadhafi, ont saisi 40 roquettes Grad aux troupes gouvernementales après avoir reçu des renforts de combattants revenant de l’ouest de Misrata. Dans cette zone, les forces loyalistes avaient auparavant été repoussées à 15 km à l’ouest de la ville.
Ce succès a permis aux rebelles d’avancer vers la localité de Dafnia, qui précède celle de Zliten sur la route côtière menant vers Tripoli. Et le contrôle de l’aéroport devrait permettre de faciliter la situation de Misrata, qui restait sous perfusion humanitaire via son port.
Des images de Kadhafi diffusées par la télévision
À Tripoli, la nuit de mercredi à jeudi a été marquée par des bombardements dans la zone de Bab al-Aziziya, où se trouve la résidence de Mouammar Kadhafi. Aucun bilan de ces explosions n’était disponible dans l’immédiat.
Mais peu avant, la télévision d’État avait diffusé des images montrant le « Guide » libyen en pleine réunion. Il s’agissait des premières images depuis le 30 avril dernier, lorsqu’une frappe aérienne de l’Otan – qualifiée par le régime libyen de tentative d’assassinat – avait détruit la maison de l’un de ses fils, Seïf el-Arab, tué avec trois des petits-enfants du colonel.
« Nous disons au monde : voici les représentants des tribus libyennes », déclare sur ces images, qui auraient été tournées dans la journée, un Kadhafi apparemment en bonne santé. « Vous serez victorieux », lui répond l’un d’eux.
Le CNT travaille ses relations diplomatiques
Le chef du Conseil national de transition libyen (CNT), Moustapha Abdeljalil, est attendu jeudi à Londres où il rencontrera le Premier ministre David Cameron et le chef de la diplomatie William Hague. Ils doivent s’entretenir de « la mise en place d’un bureau permanent du CNT à Londres ».
Londres pourrait aussi s’engager à fournir au CNT « plus de matériel, autre que des armes, et d’un soutien supplémentaire » aux insurgés. La Grande-Bretagne reconnaît le CNT comme représentant du peuple libyen, depuis le début de l’insurrection populaire.
Dans le même temps, Mahmoud Jibril, un haut responsable du CNT, effectue de son côté une visite à Washington.
Un bureau européen à Benghazi
L’Union européenne a elle annoncé l’ouverture prochaine d’un bureau à Benghazi, le fief de la rébellion dans l’est du pays, pour aider les rebelles. Et le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, s’y trouvait pour rencontrer les responsables rebelles.
La première cargaison d’aide américaine – des rations militaires – aux insurgés est arrivée à Benghazi, a annoncé mercredi le département d’État.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon a déclaré avoir parlé au téléphone avec le Premier ministre libyen Al-Baghdadi Ali Al-Mahmoudi pour l’encourager à « poursuivre le dialogue politique » et appeler les autorités à cesser de viser les civils et à mettre fin aux combats.
Depuis le début de la révolte, les violences ont fait des milliers de morts selon le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) et poussé près de 750 000 personnes à fuir, selon l’ONU. (avec AFP)
