Moussa Idriss Ndélé : « Nos peuples aspirent à former des États-Unis d’Afrique »
Le Tchadien Moussa Idriss Ndélé préside le Parlement panafricain (PAP) depuis deux ans. Son but est de doter l’institution de pouvoirs législatifs à l’échelle du continent. Il a jusqu’au début de 2012 pour y parvenir avant de passer la main. Interview.
Jeuneafrique.com : Lors de votre arrivée à la présidence du Parlement panafricain (PAP), vous vous étiez fixé comme objectif de parvenir à le doter de pouvoirs législatifs. Où en est-on ?
Moussa Idriss Ndélé : Nous avons fait du chemin. Un nouveau protocole [fondement des pouvoirs du Parlement panafricain, NDLR] est en train d’être étudié au siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba. Si tout se passe comme nous l’espérons, les chefs d’État et de gouvernement pourraient l’adopter lors de leur prochain sommet, en juin à Malabo.
Quels seraient les nouveaux pouvoirs du Parlement ?
La discussion n’est pas encore terminée. Mais ceux-ci pourraient concerner les domaines de l’environnement, de la circulation des biens et des personnes, des communications, des transports et de la santé. Nous pourrions en plus émettre des directives de loi, qui seraient ensuite appliquées par les Parlements nationaux.
L’UA a décidé de réduire de moitié le budget du PAP en deux ans. N’est-ce pas un mauvais signe ?
Toute les institutions de l’UA ont dû faire des économies et la situation ne va pas s’arranger avec la guerre en Libye… Mais parmi les nouvelles compétences que nous demandons, il y a l’autonomie budgétaire du Parlement. Nous pourrions nous financer directement sur certains prélèvements, qui restent à définir.
Comment expliquez-vous le déficit de visibilité du PAP ?
Le manque de ressources en est une. L’absence de compétences aussi. Et puis, nous sommes en Afrique australe, loin de beaucoup d’autres pays du continent. Je constate en tout cas que la presse sud-africaine est plus intéressée par les crimes et les scandales locaux que par ce Parlement consultatif…
Quel pourrait être l’impact d’un PAP renforcé sur la scène internationale ?
Les récentes crises montrent ce qu’il aurait pu être. Les organes de l’UA ont été trop silencieux. Nous avons été les premiers à faire une déclaration sur la situation en Libye, dès le 22 février. Mais personne ne nous écoute… Et puis, le renforcement du PAP serait une étape vers la construction des États-Unis d’Afrique, à laquelle nos peuples aspirent. Dans le monde d’aujourd’hui, il n’y a pas de place pour les micro-États. Nous avons besoin d’être unis pour peser.
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Propos recueillis par Pierre Boisselet, envoyé spécial à Johannesburg.
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