Gabon : Mba Obame accuse le pouvoir de vouloir l’assassiner « sans laisser de traces »

Alors que l’Assemblée nationale a retiré à André Mba Obame son immunité parlementaire, celui-ci a refusé d’assister au vote. Explication : le pouvoir comploterait pour l’assassiner, selon une technique aussi subtile qu’indétectable…

L’opposant gabonais Andre Mba Obame le 4 mai 2011 à Libreville, devant l’Assemblée nationale. © AFP

L’opposant gabonais Andre Mba Obame le 4 mai 2011 à Libreville, devant l’Assemblée nationale. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 5 mai 2011 Lecture : 3 minutes.

L’opposant André Mba Obame vole de déconvenue en déconvenue. Jeudi, il a même vu son immunité parlementaire levée. Lors d’un vote secret (79 voix pour, 3 contre et 3 abstentions), l’Assemblée nationale a donc ouvert la voie à une procédure judiciaire contre celui qui s’est autoproclamé président du Gabon le 25 janvier dernier – non sans former son propre gouvernement.

Ni l’intéressé ni aucun membre de sa formation politique, l’Union nationale (UN), n’étaient présents à la séance. « De toute façon, c’est couru d’avance. C’est un vote mécanique, le PDG [Parti démocratique gabonais, au pouvoir fondé par le président Omar Bongo] ayant la majorité », a indiqué Mba Obame. Qui justifie son absence en accusant le pouvoir de vouloir attenter à sa vie.

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« Il s’agit en réalité d’un complot dont les détails ont été finalisés le soir du mardi 3 mai […] quand j’utilise le terme complot c’est à dessein », a-t-il assuré. « De source certaine, je puis affirmer que les intentions du pouvoir établi sont désormais claires : il ne s’agit plus de l’élimination politique d’André Mba Obame et de l’Union nationale mais de son élimination physique pure et simple », a-t-il ajouté.

"Une piqûre qui ne laisse pas de traces"

Interrogé sur ce complot, Mba Obame a assuré, sans vouloir révéler ses sources, que des éléments de la police devaient l’arrêter jeudi à l’issue du débat sur la levée de son immunité. « On devait m’emmener dans une voiture banalisée dans les sous-sols du palais. Pendant le trajet, on devait m’endormir avec du chloroforme et me faire une piqûre qui ne laisse pas de traces. Après moult hésitations et beaucoup d’interventions extérieurs et tout, j’aurais été relâché mais le propre de cette piqûre c’est le poison lent », a-t-il poursuivi.

« Au bout de deux, trois, quatre mois vous mourez d’une crise cardiaque. Petit effort, je fais du sport, je m’écroule. Personne n’est au courant et je suis parti ! Je peux vous dire que ça existe et j’en sais long », a-t-il affirmé.

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« Je dois donc en conclure que je dois ma présence ici devant vous à l’action de la population qui en revendiquant son droit légitime à assister à la séance plénière a empêché la mise en œuvre de ce complot », a-t-il ajouté. Avant de conclure : « Dans ces conditions, j’ai pris la décision de ne plus me rendre à l’Assemblée nationale. »

Salle pleine

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L’Assemblée nationale avait repoussé, de mercredi à jeudi, l’examen de la levée de son immunité, M. Mba Obame n’ayant pas accepté de se rendre dans l’hémicycle sans 300 à 500 partisans qui étaient rassemblés devant le bâtiment, lui-même protégé un important dispositif policier. L’accès leur étant refusé au motif que la salle était déjà pleine et ne pouvait contenir plus de monde.

Ex-ministre de l’Intérieur, ex-baron du parti au pouvoir au Gabon et actuellement député, André Mba Obame s’était réfugié pendant un mois au siège d’une agence des Nations unies à Libreville avec ses ministres et plusieurs cadres de l’UN, après s’être autoproclamé candidat. L’UN a été dissoute le 27 janvier, mais ses dirigeants ont déposé un recours devant le Conseil d’État le 27 avril.

La ministre de la Justice Ida Reteno Assonouet avait demandé la levée de l’immunité parlementaire le 14 mars, estimant qu’en prêtant serment et formant un gouvernement, M. Mba Obame et consorts ont porté atteinte à l’ordre et la sécurité publique, à l’autorité de l’État et au crédit de la nation. (avec AFP)

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