Alain Juppé reste prudent. Le chef de la diplomatie française a affirmé mercredi que deux suspects éventuels dans l’attentat de Marrakech – une bombe commandée qui a fait 16 morts au café Argana le 28 avril – avaient été identifiés. « Pour l’instant l’enquête se poursuit. Nous avons des enquêteurs venus en soutien des enquêteurs marocains. D’après les informations que j’ai, ça avance bien. On semble avoir identifié deux suspects possibles », a déclaré le ministre devant l’Assemblée nationale, lors d’une audition de la commission des Affaires étrangères.

Alain Juppé a aussi fait part de quelques observations sur l’objectif visé par les terroristes. « En général ces mouvements terroristes cherchent à déstabiliser l’économie du pays, et l’économie du pays vit du tourisme en grande partie », a-t-il relevé. Avant d’ajouter qu’il ne pensait pas que les Français, dont huit ont trouvé la mort dans l’explosion, aient été spécifiquement visés.

La piste des terroristes locaux

L’éventuelle implication d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a été évoquée à plusieurs reprises par les autorités marocaines. Mais le fait que l’attentat n’ait toujours pas été revendiqué oriente les enquêteurs vers des groupes locaux moins structurés qu’Al-Qaïda, indiquent des sources policières citées par l’agence Reuters.

De son côté, Rabat n’a pas souhaité confirmer les informations d’Alain Juppé. « L’enquête se poursuit. Mais nous avons pris le parti de ne pas communiquer en l’état actuel. Nous sommes tenus pour l’efficacité de l’enquête de ne communiquer les informations qu’au compte-goutte », a précisé le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Khalid Naciri. Qui a cependant ajouté que les enquêteurs marocains avaient établi deux portraits-robots, grâce à des touristes néerlandais qui se trouvaient dans le café quelques instants avant l’explosion.

Deux gros sacs

Le premier correspond à un homme jeune, cheveux courts et bien rasé, qui se trouvait sur la terrasse de l’étage du café Argana juste avant l’attentat, muni de deux gros sacs qui auraient pu contenir les explosifs. Le second est celui d’un autre homme qui était à l’extérieur du café et paraissait agité.

Par ailleurs, selon des sources policières citées par Reuters, un des suspects recherchés aurait été interpellé au Maroc, ce qui confirmerait une information de la radio Europe 1.

Cet homme, dont le signalement correspond à l’un des deux portraits-robots établis par les autorités marocaines, serait interrogé très discrètement par les services de renseignement marocains, précisait mercredi Europe 1. Il y a trois semaines, le suspect aurait déjà mené une attaque dans un café de Tanger au cours de laquelle un Marocain avait été tué et un touriste français blessé. (avec agences)