Syrie : l’armée ouvre le feu sur la foule dans plusieurs villes

Au moins vingt-cinq personnes ont été tuées ce vendredi à Deraa, berceau de la contestation dans le sud de pays, et à Homs. Partout en Syrie, les manifestations ont rassemblées plusieurs dizaines de milliers de manifestants pour le « vendredi de la colère ».

Manifestants protestant contre le régime syrien à Banias, le 29 avril 2011. © AFP

Manifestants protestant contre le régime syrien à Banias, le 29 avril 2011. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 29 avril 2011 Lecture : 3 minutes.

L’armée syrienne persiste et signe, ce qui risque d’attiser encore la colère contre le pouvoir de Bachar al-Assad. Après avoir tué 80 manifestants le 22 avril dernier, les forces de sécurité ont récidivé ce vendredi dans plusieurs villes. Au moins seize personnes ont été tuées à Deraa, dans le sud du pays, selon un bilan donné par des militants des droits de l’Homme. Au moins douze d’entre elles ont été tuées à l’entrée ouest de la ville, quatre autres à l’entrée est, et des dizaines d’autres blessées, selon un militant présent dans le secteur. D’après ces mêmes sources, les forces de sécurité ont visées les milliers de personnes venues des villages voisins de Deraa pour apporter de l’aide et de la nourriture à la ville, assiégée depuis lundi.

Neuf autres personnes ont été tuées par les forces de sécurité syriennes dans la ville industrielle de Homs (centre) et ses environs selon un autre militant des droits de l’Homme, qui a affirmé que trois personnes, dont un enfant de 11 ans, ont été tuées dans le secteur de Deir Balba dans Homs, tandis que six autres personnes ont trouvé la mort lorsque des soldats ont ouvert le feu sur des manifestants se rendant des localités de Talbisseh et Ghanto vers celle de Rastan pour participer à une manifestation qui s’y déroulait.

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Les manifestations en direct sur Internet

Bravant l’interdiction du gouvernement, plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans de nombreuses villes du pays, comme à Deraa ou Homs, mais aussi à Damas, Banias (nord-ouest) et dans les régions à majorité kurde. Répondant à l’appel des jeunes de la révolution syrienne pour participer au « vendredi de la colère » afin d’imposer des réformes démocratiques au régime, des manifestants se sont notamment rassemblés à Midane, un quartier de la capitale, ont affirmé des militants à l’AFP.

À Saqba, près de Damas, un témoin a affirmé que plusieurs milliers d’habitants étaient descendus dans les rues pour appeler à la chute du régime. À Homs, d’après des vidéos filmées par des militants et diffusées pour la première fois en temps réel sur internet, des milliers de personnes scandaient « À bas le régime ! ».
À Banias, près de 10 000 personnes manifestaient en début d’après-midi, selon des militants des droits de l’Homme. Des habitants de la ville, mais également des personnes venues de villages voisins, ont appelé à la chute du régime et crié « Liberté, solidarité avec Deraa ».

Selon Nawwaf al-Bachir, un militant des droits de l’Homme, deux manifestations ont par ailleurs été réprimées à coups de bâtons et de câbles électriques à Deir Ez-Zor, à 460 km au nord-est de Damas. Un millier de protestataires étaient sortis des mosquées Al-Farouk et Al-Othman avant d’être dispersés par les forces de sécurité.

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Manifestations interdites

Dans la région à majorité kurde du nord de la Syrie, quelque 15 000 personnes ont manifesté sans incident à Qamichli et dans trois localités environnantes. Ils scandaient : « Unité nationale et par notre âme et notre sang nous nous sacrifions pour Deraa », ont affirmé Radif Moustapha, président du comité kurde pour les droits de l’Homme et Hassan Berro, un autre activiste.

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Le ministère de l’Intérieur avait appelé vendredi matin les Syriens à contribuer de manière efficace à la stabilité et à la sécurité (…) en s’abstenant de mener des manifestations ou des sit-in sans avoir obtenu d’autorisation officielle, selon un communiqué diffusé par l’agence officielle Sana.Le ministère avait précisé que les lois en vigueur en Syrie seront appliquées afin de « préserver la sécurité des citoyens et la stabilité du pays ». Selon un décret publié le 19 avril, une autorisation officielle est requise pour l’organisation d’une manifestation. (avec AFP)

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