Quand les chiens (racistes) aboient, la caravane (de la culture) passe…

Aux Pays-Bas, le projet de construction d’une maison de la culture marocaine ne passe pas aux yeux du parti d’extrême-droite de Geert Wilders, le PVV. Un rejet que dénonce notre éditorialiste, Fouad Laroui.

Course de chameaux lors du 4e festival de musique à Dakhla, au Maroc, le 28 février 2010. © AFP

Course de chameaux lors du 4e festival de musique à Dakhla, au Maroc, le 28 février 2010. © AFP

Fouad Laroui © DR

Publié le 3 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

À Amsterdam, comme dans la plupart des capitales européennes, on trouve plusieurs centres culturels représentant autant de pays étrangers. Il y a le centre culturel français (qu’on appelle la Maison Descartes), il y a le British Council, l’Institut Goethe, les Espagnols avec Cervantès et les Italiens avec Dante. En cherchant bien, on trouve aussi d’autres pays, chacun essayant de promouvoir sa culture, ses écrivains, sa musique, ses artistes, etc. Il y a aussi, bien sûr, des cours de langue qui assurent des revenus non-négligeables en ces temps de restrictions budgétaires tous azimuts.

Qui pourrait se plaindre de cette profusion de centres culturels ? Personne, bien sûr. Et quand un pays jusque-là non représenté dans la capitale des Pays-Bas annonce qu’il a l’intention d’ouvrir un centre culturel, on ne peut que s’en réjouir, n’est-ce pas ?

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Eh bien, non. Le Maroc n’a pas plutôt dévoilé son projet d’ouvrir un centre culturel à Amsterdam que le PVV, le parti populiste – certains disent fasciste – qui compte quand même plus de 20 députés au Parlement, est monté au créneau. Et de déposer une question écrite urgente à la Chambre pour protester contre ce projet qualifié de « bizarre » – c’est le même mot en français et en néerlandais.

En quoi est-ce plus bizarre d’avoir un centre culturel français ou finlandais qu’un markaz thaqafiy marocain ? C’est en examinant de près le ramassis de préjugés, de lacunes et de mensonges qui constitue l’idéologie du PVV qu’on comprend de quoi il s’agit. Pour le PVV, les Marocains – et plus généralement tous les Arabes et les musulmans – n’ont aucune culture, pas plus que les chèvres et les chameaux qui pullulent dans les rues de Casablanca, du moins dans l’imaginaire des membres du PVV.

Le fait que le Maroc existe en tant qu’État depuis plus de mille ans, qu’il a donné d’innombrables poètes, penseurs, écrivains, hommes de théâtre, peintres, qu’il a une cuisine réputée (eh oui, ça aussi, c’est la culture d’un pays…), qu’y cohabitent plus d’une dizaine de traditions musicales différentes, que son cinéma, en plein essor, ne cesse de gagner des prix – tout cela n’a aucune importance. Le PVV ne voit que la bosse du chameau – du chameau inexistant.

Cela dit, le centre culturel marocain ouvrira bel et bien ses portes l’an prochain, en dépit des aboiements du PVV. Les chiens (racistes) aboient, la caravane (de la culture) passe…

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