Tout, sauf un « petit pont »

El Hamdaoui (à g.) célèbre un but avec son coéquipier Emanuelson, le 27 octobre 2010. © AFP

El Hamdaoui (à g.) célèbre un but avec son coéquipier Emanuelson, le 27 octobre 2010. © AFP

Fouad Laroui © DR

Publié le 2 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

Depuis quelques années, les Marocains ont investi en masse un des rares domaines dans lesquels ils peuvent briller en dépit du handicap de la naissance, de la langue ou de la couleur de la peau : le sport. C’est ainsi que Mounir El Hamdaoui et Nacer Chadli brillent chaque dimanche sur les polders transformés en terrains sur lesquels évoluent des clubs prestigieux comme Ajax Amsterdam, Feyenoord Rotterdam. Ou le PSV Eindhoven, qui n’est ni plus ni moins que le club maison du géant de l’électronique Philips.

Cependant cette invasion pacifique – et bien acceptée par tout le monde – n’a pas que ses bons côtés. Il y a aussi, fatalement, quelques tiraillements ou incompréhensions qu’on met – peut-être un peu hâtivement – sur le compte des différences de culture.

la suite après cette publicité

Par exemple, le footballeur marocain de base refuse catégoriquement de prendre sa douche tout nu avec ses camarades, après le match ; à tel point qu’il a fallu dans certains cas construire une douche à part, avec cloison opaque, pour l’avant-centre ou l’arrière d’origine chérifienne. Les entraîneurs sont mécontents car ce rituel viril – gigoter tous ensemble, nus comme des vers, sous les jets d’eau brûlants – est censé créer un esprit de corps. Nos amis rifains ou d’ailleurs répondent le contraire : cachez ce corps que je ne saurai voir ! Quand on leur demande à quoi rime ce comportement, ils répondent dans un bel ensemble : l’Europe ne sait plus ce que c’est que la pudeur – nous, si.

Autre particularité : le footeux d’outre-Méditerranée accepte que l’entraîneur lui fasse des remarques, voire des critiques, sur son jeu mais à condition que ce soit en tête-à-tête. Pas question de l’engu…er devant ses coéquipiers. Dans ce cas, il n’est pas rare de voir des chaussures à crampons voler en direction de l’entraîneur – au diable la hiérarchie. Ronald Koeman, l’entraîneur du grand Ajax, en a fait l’expérience quand il a osé critiquer El Hamdaoui devant ses camarades…

Autre bizarrerie : Mounir, comme Rachid ou Hamid, ne supporte pas que son adversaire lui fasse un « petit pont » (Mesdames, demandez à votre Jules qu’il vous explique, je n’ai pas la place ici). Tu lui fais un « petit pont », il te gifle, au risque de prendre un carton rouge. Le dribbler comme Messi, lui mettre 5 buts à zéro, le planter sur place par un sprint effréné, d’accord, il t’applaudirait même, beau joueur. Mais un « petit pont » ? Paf ! Tu prends sa main dans la figure. Eh, t’avais qu’à pas !

Alors, comment aplanir ces petites différences ? La Hollande étant un pays de compromis, ce n’est pas aux Marocains qu’on a demandé de mettre de l’eau dans leur lben : ce sont les entraîneurs et les arbitres bataves qui vont désormais suivre des stages spéciaux intitulés : « Comprendre le footballeur marocain en partant de sa culture d’origine ». Si vous avez des idées sur la question, envoyez-les-moi, je transmettrai à la Fédération néerlandaise de football…

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires