Cameroun : la discorde de la banane
La police camerounaise a interdit mercredi à Yaoundé la projection d’un documentaire sur les conditions d’exploitation de la banane dans le pays.
La banane serait-elle devenue le fruit de la discorde ? La police camerounaise a coupé court au débat. Mercredi, à la Fondation Muna à Yaoundé, elle a interdit la projection d’un documentaire critique à l’égard de la société Plantations du Haut Penja (PHP), premier producteur de bananes au Cameroun.
Pour les organisateurs, la projection, privée, ne nécessitait aucune autorisation particulière. « Le gouvernement nous empêche de nous exprimer », a affirmé Franck Bieleu, le réalisateur.
Exploitation et expropriation
Dans son film, il dénonce les conditions de travail des ouvriers besognant en moyenne quatorze heures par jour pour 23 000 F CFA (environ 35 euros) par mois, soit moins du salaire minimum, évalué à 43 euros. Autre observation : l’exposition aux risques sanitaires via l’épandage de pesticides.
La question foncière n’est pas oubliée. Franck Bieleu critique en effet l’expropriation des petits exploitants, dont les terres seraient « remises » à la compagnie franco-américaine.
« Des personnes qui ont refusé de céder leurs terres ont été emprisonnées », affirme le réalisateur. Pour Bieleu la compagnie PHP « est extrêmement puissante » et compte « dans ses rangs des élites locales et des responsables politiques ».
Il s’agit de la deuxième intervention des forces de l’ordre en quelques jours. Déjà, la semaine dernière, deux réalisateurs français et six Camerounais avaient été placés en garde à vue pendant une nuit lors du tournage à Mbandjock (centre) d’un documentaire sur l’accaparement présumé des terres par la Socucam (Société sucrière du Cameroun), principal producteur de sucre du pays. (Avec AFP)
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