L’Afrique, l’autre amour du prince William
Le prince William fréquente l’Afrique depuis qu’il a 21 ans. C’est même au Kenya qu’il a demandé la main de Kate Middleton. Retour sur la relation particulière que le futur roi d’Angleterre entretient avec le continent africain.
Assis à l’arrière d’une jeep dans la brume de l’hiver austral, le prince William parcourt la steppe du Botswana en compagnie des membres de Tusk Trust, une fondation pour la préservation de la nature en Afrique dont il est l’ambassadeur. Les caméras sont là, ce 15 juin 2010, pour suivre son premier voyage officiel en Afrique. La passion du futur roi d’Angleterre pour le continent a donné à Ben Fogle, un aventurier et producteur anglais, l’idée d’en faire un documentaire. « Prince William’s Africa », sera diffusé le 20 octobre 2010 sur la chaîne britannique Sky1.
« L’Afrique c’est l’endroit parfait où aller. Les gens ne savent pas qui je suis et j’adore ça », confie William à la caméra. Vêtu d’un simple pull en polaire noir aux couleurs de son association, il livre un véritable témoignage d’affection au continent. « Quand je descends de l’avion, je me dis, ça y est, je suis de retour. Je suis ici pour travailler, mais je ne peux m’empêcher de ressentir ça. L’Afrique c’est comme une seconde maison. »
Personne ne le sait encore, mais la veille de la diffusion du documentaire, une autre déclaration d’amour a eu lieu. Le 19 octobre, le prince a demandé la main de Kate Middleton, son amie de longue date, dans la réserve de Lewa Downs, au Kenya. Un lieu qui n’a pas été choisi au hasard.
La "Balmoral d’Afrique"
La réserve, réputée pour son travail de protection des rhinocéros noirs, est l’un des endroits favoris de William. À tel point que les journalistes anglais la surnomment la « Balmoral d’Afrique », en référence à la résidence de la famille royale en Écosse. Ainsi, après avoir été ensemble déposés en hélicoptère au bord du lac Rutundu, William, 29 ans, demande Kate, 28 ans, en mariage. Il lui offre un saphir bleu serti de diamants – la bague de sa mère Diana, décédée tragiquement en 1997. Et ce n’est pas la première fois qu’une page l’histoire de la royauté britannique s’écrit en Afrique.
Le 6 février 1952, c’est également au Kenya que la princesse Elisabeth, en visite officielle, apprend qu’elle devient reine, suite au décès de son père George VI. En tant que chef du Commonwealth – un titre qui n’est pas héréditaire -, Elisabeth II règne aujourd’hui symboliquement sur 54 États dont 19 africains. L’attachement de la famille royale à l’Afrique n’est cependant pas qu’une affaire d’héritage colonial ou de politique internationale.
C’est ce que montre en particulier l’engagement de la princesse Diana, tout au long de sa vie, dans la lutte contre le sida et la défense des enfants pauvres, notamment en Afrique. En janvier 1997, par exemple, elle effectue avec la Croix-Rouge un voyage très médiatique en Angola, à la rencontre de victimes de mines antipersonnel. Et c’est en partie grâce à son influence qu’un traité international sera signé en décembre 1997, trois mois après sa mort, pour interdire les mines antipersonnel.
Passion fraternelle
William ne voyagera cependant jamais avec sa mère en Afrique. Il ne découvre le continent qu’à l’été 2001, à l’âge de 21 ans. Au cours d’une année sabbatique, entre le lycée et l’université, il séjourne pendant près de deux mois au Kenya, où il collabore avec des associations locales pour protéger la faune et de la flore. La passion pour l’Afrique qu’il se découvre alors, William va vite la partager avec son frère Harry, de deux ans son cadet.
En couple avec Chelsy Davy, une Zimbabwéenne, ce dernier s’occupe lui aussi d’une association, Sentebale (« Ne m’oublie pas », en sesotho), qui prend en charge les orphelins du sida au Lesotho. En 2008, les deux frères participent ensemble à Enduro Africa, un rallye humanitaire à moto à travers le continent. Quelque 150 000 livres (170 000 euros) sont alors récoltées pour leurs associations respectives. En 2010, sur le chemin de l’Afrique du Sud où se déroule la Coupe du monde de football, les princes s’arrêtent au Lesotho et au Botswana pour suivre l’avancée de différents projets comme la construction d’un orphelinat. Mais ce n’est pas tout. Lors du mariage royal, dont le coût devrait dépasser les 100 millions d’euros, aucune liste de mariage n’est prévue : le couple a encouragé ses invités à faire des dons à des œuvres caritatives. Un site internet a été spécialement créé pour l’occasion.
Pourtant, au-delà de la simple attirance pour le continent, le tropisme africain du prince a peut-être une signification moins transcendante. L’un des biographes de William, Franck Guillory*, se veut très pragmatique. « Le futur roi va devoir démontrer qu’il mérite sa place dans la succession. Son implication en Afrique est donc primordiale », analyse-t-il. Aujourd’hui, en effet, faire « coucou » depuis le balcon de Buckingham Palace ne suffit plus à asseoir la légitimité du roi. « William joue clairement une stratégie qui relève de l’ordre du marketing ou de la communication politique », ajoute Franck Guillory. En clair, en rappellant l’engagement de sa mère sur le continent, le prince William joue la « carte Diana ». Et il espére bénéficier, à terme, de la popularité de son icône de maman.
* William, fils de Diana. La vie d’un prince. Sorti le 5 mai 2011. Éditions Jacob-Duvernet.
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Les Africains de Sa Majesté
Parmi les 1 900 invités au mariage de William et Kate, le 29 novembre, figurent plusieurs personnalités africaines comme la princesse marocaine Lalla Salma, le prince du Lesotho, Seeiso Bereng Seeiso et son épouse la princesse Mabereng Seeiso, ou encore la Sud-Africaine Charlene Wittstock, future épouse d’Albert II de Monaco. Mais on rencontrera aussi des personnalités plus controversées comme Mswati III du Swaziland, connu pour ces frasques polygames et son goût démesuré du luxe. Une pétition à été lancée sur internet pour protester contre sa venue en Grande Bretagne. Le quotidien britannique The Independent indique même que des manifestations de militants des droits de l’homme auront lieu le jour J pour protester contre la présence d’autocrates à la noce. Le sultan du Bahreïn et le prince d’Arabie saoudite seraient également visés.
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