Claude Le Roy : « Le Cameroun n’est pas mort ! »

Claude Le Roy (63 ans), qui vient d’être nommé sélectionneur de la Syrie, garde un œil attentif sur l’Afrique et notamment sur les équipes qu’il a entraînées (Cameroun, Sénégal, RDC et Ghana). Le vainqueur de la CAN 1988 avec les Lions Indomptables plaide aussi pour la professionnalisation du football africain.

Claude Le Roy s’est engagé en mars 2011 avec la sélection syrienne jusqu’en juin 2013. © Reuters

Claude Le Roy s’est engagé en mars 2011 avec la sélection syrienne jusqu’en juin 2013. © Reuters

Alexis Billebault

Publié le 27 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Jeuneafrique.com : Quel regard portez-vous sur le Sénégal, que vous avez dirigé et qui est aujourd’hui une des meilleures équipes africaines ?

Claude Le Roy : Je connais bien Amara Traoré, le sélectionneur des Lions de la Téranga. Il a joué sous mes ordres et il fait du très bon travail. Son effectif est équilibré, même s’il dispose d’un des meilleurs potentiels offensifs du continent avec Mamadou Niang, Issiar Dia, Papiss Cissé, Dame N’Doye ou Demba Ba. Le retour de Niang en sélection a été très bénéfique dans un groupe où le mélange des générations est une réussite.

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En revanche, cela va nettement moins bien au Cameroun…

Je ne crains pas une traversée du désert pour les Lions Indomptables. Le Cameroun n’est pas mort ! Il y a une très bonne équipe, mais j’ai cru comprendre que ça ne se passait pas très bien avec Javier Clemente, le sélectionneur espagnol. On lui reproche de ne jamais être au Cameroun. Quel est l’intérêt de ne pas vivre dans le pays pour lequel on travaille ? Aller voir Eto’o à l’Inter Milan et d’autres joueurs en Europe, c’est bien et nécessaire, mais c’est en assistant à des matchs au Cameroun, en rencontrant les entraîneurs, qu’on découvre des joueurs susceptibles de jouer pour la sélection.

Vous avez aussi travaillé en RDC, dans des conditions difficiles, puis au Ghana…

En RDC, on faisait beaucoup avec pas grand-chose. On s’entraînait parfois dans des parcs, au milieu des tessons de bouteilles et des gens qui se promenaient. J’ai vu Shabani Nonda avancer à toute l’équipe des billets d’avion à l’occasion d’un déplacement, parce qu’il y avait eu un problème de réservation.

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Au Ghana, c’était plus structuré. Mais je me souviens qu’on m’avait traité de fou furieux parce que j’avais appelé en sélection A André Ayew, alors qu’il venait d’avoir 17 ans. Des gens disaient que je l’avais sélectionné parce qu’il était le fils d’Abedi Pelé [triple ballon d’or africain, 1991, 1992, 1993, NDLR]. Je l’avais repéré un jour de fort mistral lors d’un match entre les jeunes de Marseille et de Montpellier. Et il m’avait fait une telle impression…

Beaucoup de joueurs africains rêvent d’exil. Il y a ceux qui réussissent et d’autres qui s’expatrient dans des championnats de deuxième ou de troisième catégorie, où ils touchent des salaires très bas. Quelle solution pour freiner cet exode massif ?

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Une vraie professionnalisation du football, et surtout en Afrique noire. Je vais prendre l’exemple de Moïse Katumbi au TP Mazembe (RDC). Il en a fait un vrai club professionnel, en moins de dix ans. Je milite pour que les clubs d’Afrique subsaharienne s’engage dans cette voie, afin d’offrir des perspectives d’avenir aux joueurs, en les incitant à rester chez eux et en leur garantissant des salaires convenables, avant, peut-être de s’expatrier.

Combien de joueurs africains évoluent en Albanie, en Moldavie ou dans des pays asiatiques et touchent des salaires de misère, quand ils les touchent ? Pour retenir ces joueurs, il conviendrait d’améliorer les structures d’entraînement, les stades, etc… Cela peut sembler démesuré, mais je pense que c’est réalisable…

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